Le Directeur général de l’Agence nationale d’approvisionnement en eau potable en milieu rural (ANAEPMR) Sylvain Adokpo-Migan, est optimiste quant à l’atteinte des Objectifs pour le développement durable (ODD) dans le secteur de l’eau avant l’échéance de 2030. Sur la session AskGouv du jeudi 17 octobre, il expose les actions du gouvernement.
« Avec la maîtrise du patrimoine [existant], nous avons 649 adductions d’eau villageoises, 180 postes d’eau autonomes, 12009 forages. La plupart des ouvrages sont dans un état de fonctionnement pas correct. Le taux de panne est important et peut avoisiner un chiffre supérieur à 25%. Ces pannes sont liées essentiellement au cadre de gouvernance des ouvrages existants. La gestion n’est pas professionnelle. Elle est un peu hasardeuse », déplore Sylvain Adokpo-Migan, en faisant un état des lieux critique de la situation du secteur de l’eau dont hérite l’actuel gouvernement.
Le diagnostic fait révèle un taux de desserte en eau potable des zones rurales de 42%. Pour changer la donne, l’État a entrepris des réformes dont la création en septembre 2017, de l’Agence nationale d’approvisionnement en eau potable en milieu rural. Il veut, à l’instar des autres secteurs d’activités, assainir la gestion du secteur de l’eau et son fonctionnement. Mieux, atteindre les ODD en matière d’eau dès 2021, soit avec un écart de 9 ans avant l’échéance de 2030 fixée par les pays membres des Nations-Unies.
Environ 240 milliards d’investissement
L’Agence a pour mission de « développer de façon rapide et massive le patrimoine et organiser la gestion. » Cette volonté politique est suivie d’actions concrètes et de stratégies de mise en œuvre. Premières actions : l’élaboration d’une stratégie nationale qui a débouché sur un Programme national d’accès universel en eau potable en milieu rural. Il a permis la mobilisation de 400 millions de dollars (soit environ 240 milliards de francs Cfa) pour financer les projets structurants dans le secteur de l’eau.
Ces fonds sont destinés à la construction de forages, des stations de pompage et des châteaux d’eau, avec une prime à la qualité de service. « 612 systèmes multi-villageois seront construits et viendront progressivement compléter ce qui existe déjà, rassure Sylvain Adokpo-Migan. […] Nous avons un programme d’investissement lourd qui va consister à construire 612 systèmes d’alimentation en eau potable multivillage. Le Programme d’investissement que nous avons aujourd’hui engage déjà 166 de ces systèmes avec un montant de 187 milliards francs Cfa qui seront engagés sur le Programme d’investissement à court terme. L’effort de mobilisation de ressources est sans précédent dans le secteur de l’eau potable en milieu rural où on n’a jamais exécuté plus de 10 milliards francs Cfa par an dans l’histoire du secteur. »
Cependant, le gouvernement béninois poursuit sa stratégie de mobilisation de ressources au profit du secteur de l’eau. A partir de 2020, tout le pays veut être mis en chantier afin qu’au terme du quinquennat du président Patrice Talon, la problématique de l’eau soit résolu à l’échelle nationale.
« Des tarifs responsables… »
A terme, le Bénin veut baisser le coût du mètre cube d’eau dans les zones rurales qui oscille actuellement entre 800f et 1 000 f Cfa, contre près de 450 f Cfa en ville. Le pays veut « passer à des tarifs responsables qui tiennent compte de l’équité nationale. » Mieux, il veut permettre aux ménages en milieu rural d’avoir accès à un robinet dans leur concession, grâce à un coût de branchement qui tourne autour de 20 000 f Cfa. Pour faciliter la pérennité des adductions d’eau villageoises, il va être procédé à la signature de contrats solides obligeant les fermiers utilisateurs à faire face aux problèmes de maintenance, de réparation et d’entretien de ces infrastructures.
Le processus de modernisation enclenché dans le secteur de l’eau favorise la maîtrise du patrimoine. Cela permet de savoir les infrastructures manquantes et la nature de l’exploitation des équipements, afin de prendre les dispositions idoines. Le Bénin veut aller vite et bien afin de favoriser l’accès à des ressources en eau de qualité dans les milieux ruraux. Et là encore, Patrice Talon voudrait que les béninois le « portent en triomphe à la fin de son mandat. »
Michaël Tchokpodo