Les fortes précipitations enregistrées dans les départements du Mono, du Couffo, du Zou et de l’Ouémé, dans le sud du Bénin, ont entraîné le débordement de la rivière Couffo le 26 juin 2024. Adoukandji, Ahomadégbé, Gnizounmè, Tchito, Tohou et Zalli sont six des onze arrondissements les plus touchés par le débordement du cours d’eau.
Le bilan de l’impact a été douloureux : 13 villages inondés, la destruction et l’endommagement de nombreuses habitations. Au premier juillet, la Croix-Rouge Béninoise et le conseil communal de Lalo dénombraient plus de 3 679 personnes affectées, près de 2 482 maisons endommagées, des pertes agricoles évaluées à environ 3 781 hectares, et environ 4 196 têtes de bétails et de volailles dénombrées sur des milliers d’hectares inondés dans les arrondissements concernés.
« C’était un bon matin que les cris d’alerte nous sont parvenus de part et d’autre. On pensait que c’était de la blague, on a répondu promptement. Au fil des heures, on a tous été témoins des dégâts qui n’ont pas été des moindres. Les cultures ont été emportées y compris les habitations. Au champ comme à la maison, nos paisibles populations ne se trouvaient plus pratiquement. Autorités communales que nous sommes, nous étions tous abattus », se rappelle Claude Katchedji, premier adjoint au maire de Lalo, l’ayant représentant à cet atelier de leçons apprises des interventions d’appui aux communautés touchées par les inondations, ce 31 janvier, à la salle de conférence de la mairie de Lalo.
« La redevabilité doit être de mise »
Le 4 juillet, le maire de la commune a lancé un appel à toutes les organisations humanitaires pour renforcer la réponse à cette inondation. Ainsi, « il a fallu des appels de part et d’autre pour qu’on soit assisté, insiste l’adjoint au maire. Mais au nombre des partenaires que nous avons vu dans les premières heures, la CRB faisait partie des tout premiers avec des appuis pas des moindres. »
La CRB a sollicité l’appui de la Fédération Internationale des Sociétés de Croix-Rouge et du Croissant Rouge (IFCR). Elle a répondu promptement en mobilisant 152 millions de francs Cfa pour reloger les populations, subvenir à leurs besoins alimentaires et non alimentaires ; et réhabiliter les habitations déjà détruites. Pour 615 ménages affectés, la CRB, à en croire son Président Mathias Agoligan Avoha, a apporté une assistance en kits non alimentaires (aquatabs, moustiquaires) et des kits d’assainissement au lendemain de la crise.
L’aide s’est étendue à une assistance alimentaire à travers la distribution de kits alimentaires composé du riz, du maïs, de l’huile et du sel. A cela, s’ajoute la distribution des kits d’hygiène, des kits de traitement par la distribution des comprimés d’aquatabs. Il y a également eu des actions de sensibilisation à la prévention des maladies, des formations en gestes de premiers secours et sur les pratiques familiales essentielles, des consultations médicales, la construction et la réfection d’abris et l’appui psychologique.
« A travers ces différentes interventions, rassure Mathias Agoligan Avoha, les résultats attendus ont été largement atteints. Cependant, il y a eu quelques difficultés. La redevabilité doit être de mise et c’est à cet exercice que nous sommes conviés ce jour avec comme objectif de faire le point des interventions menées, en tirer des leçons et de faire des recommandations pour le futur. »
Forces et faiblesses du projet DREF
« C’est une étape cruciale dans la mise en œuvre de cette opération, mentionne Lambert Gbokou, Directeur des programmes et représentant du Secrétaire de la CRB. Pendant la mise en œuvre de cette opération, qu’est-ce qui a bien marché ? Qu’est-ce qui n’a pas bien marché ? Quelles sont les difficultés que nous avons rencontrées et quelles sont les approches de solutions que nous avons pu trouver pour aller de l’avant ? »
Par la voix du représentant IFCR Dr Dodzi Adaha, le partenaire se réjouit des avancées obtenues dans le cadre de la mise en œuvre du projet DREF. Il a notamment apprécié l’engagement et la détermination de la CRB à travailler aux côtés des communautés à la base afin de leur apporter le sourire pendant les périodes de détresse. « Je suis heureux parce que nous sommes à l’une des étapes souvent négligées dans le cycle de gestion des catastrophes. Nous passons tout le temps sans faire le retour d’expériences. Ça ne nous permet pas de capitaliser les acquis pour réellement nous renforcer », note Marain Assongba, représentant de l’Agence Béninoise de Protection Civile (ABPC).
Pour sa part, le Coordonnateur des secours et catastrophes de la CRB, Orens Houdegbe, a animé les échanges sur les forces, faiblesses et défis de l’opération. Il en ressort que le projet DREF a été exécuté en un temps record facilitant l’assistance des communautés. Ensuite, la mairie, les différents chefs d’arrondissements et les acteurs du système de santé impliqués ont fait preuve de synergie d’actions tout au long de l’opération. Cela a débouché sur une satisfaction générale des communautés.
Cependant, les équipes de la CRB ont malheureusement été confrontée au manque d’identification du site de relogement. Ce qui a changé la stratégie de l’opération qui visait à construire des abris sur les sites de relogement et non en communautés. Les plus grands défis, rappelle Orens Houdegbe, concernent la possibilité d’avoir un site de relogement, pouvoir le préparer avant la finalisation des actions en cours. « Il faudra continuer à sensibiliser les populations. On ne peut pas assister tout le monde mais seulement les plus vulnérables », fait-il savoir.
Pour rappel, la Croix-Rouge Béninoise est une organisation humanitaire reconnue d’utilité publique dans le domaine humanitaire et auxiliaire des pouvoirs publics depuis 1963 au Bénin. Elle vient en aide aux communautés avec l’appui de son partenaire l’IFCR. Cet atelier de leçons apprises des interventions d’appui aux communautés touchées par les inondations dans la commune de Lalo a connu la présence des bénéficiaires, les autorités à divers niveaux de la Croix-Rouge et un délégué de la Croix Rouge Luxembourgeoise.