Cette conférence de presse s’inscrit dans le cadre de la campagne Afrika Vuka Day et des rendez-vous du REMAPSEN, une activité phare du REMAPSEN avec ses partenaires. Christian Hounkannou, représentant Afrique francophone de 350.org fait le point au micro de Miodjou.
Miodjou : Quel bilan faites-vous de la formation des activistes sur les énergies renouvelables au Brésil ?
Christian Hounkannou : En allant au Brésil, nous avions pour objectif de donner le pouvoir aux énergies renouvelables ; continuer à insister sur les solutions à la crise climatique. La formation a porté sur l’action des activistes à travers des projets communautaires pour faire comprendre la problématique des énergies renouvelables aux communautés locales et les faire adopter.
Nous avons passé beaucoup de temps à parler du problème. Mais lors de ces assises, nous avions rappelé aux activistes que les solutions existent et qu’il faut désormais les faire connaître. Pour en parler, il faut les ressources adéquates. C’est pour cela que nous avions fait des recherches sur le potentiel en énergies renouvelables dans certains pays à travers le monde. Notre constat est évident : le potentiel existe et il faut le développer. Nous avions également fait des recherches qui sont éditées dans des livres que nous avons distribués.
Nous avons par ailleurs abordé les questions financières qui sont fondamentales pour mener une action. Lorsqu’il n’y a pas d’accompagnement financier, même si vous avez la volonté, vous n’accomplirez pas de grandes choses. C’est pour cela que nous avons focalisé l’attention sur les solutions, les ressources et le financement lié à l’action climatique, surtout face aux énergies renouvelables.
En quoi les énergies renouvelables deviennent une passerelle incontournable pour la protection de l’environnement ?
Les énergies renouvelables constituent aujourd’hui la solution à la crise climatique. Laquelle est due à la recherche d’énergie dont les énergies fossiles grâce auxquelles certains pays se sont rapidement développés. Exemple du charbon, du gaz fossile et du pétrole. Même le Nigéria n’arrive pas à se développer avec son pétrole. Et les communautés dans lesquelles le pétrole est tiré n’ont pas encore assez d’énergie.
[…] célébrer nos cultures et nos valeurs avec des messages et des demandes fortes à l’endroit des décideurs
Pourtant, à partir des énergies renouvelables et des mini-centrales, on peut permettre aux communautés d’avoir de l’éclairage public et domestique pour satisfaire à leurs besoins. Aujourd’hui, les questions d’énergie constituent des questions de développement. Lorsque vous apportez de l’énergie à quelqu’un, vous lui permettez de se développer. L’énergie constitue un carrefour sur lequel nous nous croisons et nous devons tous y passer pour véritablement nous développer de façon durable. Pour cela, il faut développer aujourd’hui les énergies renouvelables qui ont des sources insoupçonnables, illimitées et intarissables.
On en vient à la journée de l’Afrique. Quelles sont les commémorations prévues dans ce cadre cette année ?
Des activités sont prévues dans près de 30 pays d’Afrique que nous coordonnons. Au Bénin, avec les ONG, nous irons à la porte du non-retour de Ouidah, pour rappeler notre histoire et notre passé esclavagiste, et dire qu’aujourd’hui, nous sommes dignes d’être des Africains parce que l’Afrique est un continent riche qui a de la force et du pouvoir. Il faut que nous prenions le pouvoir sur les énergies renouvelables.

Nous irons célébrer nos cultures et nos valeurs avec des messages et des demandes fortes à l’endroit des décideurs. Ça sera l’occasion de rappeler que les solutions à la crise climatique et à l’avancement de la mer, c’est de développer des villes et des routes résilientes. Les énergies renouvelables peuvent nous aider à apporter les solutions idoines. Les jeunes vont brandir à la porte du non-retour, à l’endroit des décideurs, des messages poignants sur les énergies renouvelables et notre avenir.
Nous ferons une grande mobilisation. Nous avons une forte demande de participants qui vont se déployer pour cette activité.
Le financement est un pilier important. Comment peut-il s’allier à une volonté politique éclairée pour adresser la problématique des énergies renouvelables ?
Les questions de financement sont toujours en réflexion, même au niveau des décideurs politiques. Nous sommes confrontés au problème mais nous attendons de l’aide extérieure pour le résoudre. Nous avons de petits moyens ; des moyens endogènes avec lesquels nous pouvons avoir accès à des financements pour développer nos projets.
Les questions de financement aujourd’hui se développent et se discutent dans le cadre de la Convention sur les changements climatiques. Et nous avons des systèmes financiers qui sont mis en place, même si des pays comme le nôtre ont des barrières pour accéder à ces financements. Quand on parle du fonds pour le climat, c’est un canevas de projets qu’il faut respecter. Et lorsqu’on parle du fonds pour l’adaptation, celui dédié aux pays en voie de développement requiert des canevas assez difficiles.
Aujourd’hui, il faut que nous nous développions autrement
Et même si aujourd’hui nous avons le Fonds national pour l’environnement et le climat (FNEC), nous insistons sur le fait qu’il faut développer des financements locaux à partir des ressources que nous avons ; des financements à partir de nos moyens au niveau interne pour pouvoir financer les projets locaux que nous développons.
Comment 350.org, REC, Bénin et JVE Bénin travaillent en synergie d’action sur les sujets de transition verte pour une adaptation de ces solutions pouvant impulser le développement durable ?
La collaboration consiste à reconnaître à chacun, son expertise sur les questions d’information, d’engagement politique et de plaidoyer avec les décideurs. Voilà les assurances avec lesquelles les ONG travaillent. Il faut apporter l’information, éduquer et engager les politiques. Ensuite, il faut faire du plaidoyer pour aboutir à des recherches qui vont donner des solutions. Vient enfin la question du financement.

Chacune de ces ONG a son expertise. Il y a l’aspect communication et mobilisation communautaire. Puis, nous allons vers les communautés pour faire de la sensibilisation et apporter les équipements. Lesquels nous distribuons généralement avec nos maigres moyens. En tant que secteur privé et ONG, nous nous focalisons beaucoup plus sur ces axes de communication, d’information, d’engagement politique et de plaidoyer pour aboutir à des recherches qui montrent la potentialité que nous avons. Lorsqu’on a la potentialité et qu’on demande au gouvernement de mettre en place des systèmes financiers locaux pour lever des fonds et développer les projets, les choses vont se faire de façon aisée.
Lorsque nous allons vers les communautés, nous leur montrons la solution aux crises climatiques. Aujourd’hui, il faut que nous nous développions autrement. Nous ne refusons pas le développement. Nous le refusons parce que souvent, lorsque nous allons dans les COP, les gens disent que les ONG s’opposent à tout. Ce n’est pas vrai. Rappelez-vous de la COP 21 de 2015 à Paris. Les ONG voulaient que l’on mette le degré d’émission des gaz à effet de serre à 1.5°C. Mais on pensait que les ONG demandaient trop parce que les politiques, eux, avaient leur agenda. C’est souvent difficile.