Miodjou : Comment appréciez-vous l’intervention de la CRB, l’institution que vous dirigez, dans le cadre de cet énième cas de catastrophe ?
Mathias Avoha Agoligan : L’intervention de la Croix-Rouge Béninoise à Zogbodomey s’inscrit dans notre mission fondamentale d’alléger les souffrances humaines. Dès les premières heures qui ont suivi la catastrophe, nos volontaires se sont mobilisés pour effectuer une évaluation rapide des besoins. Cette réactivité a permis de documenter la situation et de solliciter un appui international à travers le Mécanisme de Réponse aux Catastrophes (DREF) de la FICR. Nous avons pu apporter une réponse rapide, coordonnée et ciblée, ce qui reflète notre engagement à rester proches des communautés dans les moments critiques.
Comment votre réponse dans ce cas précis s’aligne-t-elle en droite ligne de vos engagements dans l’humanitaire au Bénin ?
Notre réponse est en parfaite cohérence avec nos engagements humanitaires. En tant qu’auxiliaire des pouvoirs publics, la CRB agit dans le respect des Principes fondamentaux du Mouvement.
Ce travail en amont est indispensable pour garantir un accompagnement durable
Nous mettons un point d’honneur à intervenir sans discrimination, à répondre aux besoins les plus pressants et à renforcer la résilience des communautés affectées. Cette intervention vient renforcer notre engagement à rester un acteur de référence dans la gestion des risques de catastrophes au Bénin.
Vous étiez à Lalo pour les inondations, maintenant à Zogbodomey pour les vents violents. Sachant que ces phénomènes sont cycliques, comment la CRB s’assure-t-elle de l’accompagnement durable des sinistrés ?
Effectivement, les catastrophes deviennent de plus en plus fréquentes et complexes. Notre approche va au-delà de la réponse d’urgence. Nous travaillons sur la réduction des risques de catastrophes à travers la sensibilisation, le renforcement des capacités communautaires et la formation des volontaires. À moyen et long terme, nous accompagnons les autorités locales pour intégrer les outils d’alerte précoce et de planification de la gestion des risques dans les politiques communales. Ce travail en amont est indispensable pour garantir un accompagnement durable.
Qu’en est-il de la mobilisation des ressources ?
La mobilisation des ressources reste un défi majeur, surtout dans un contexte de crises multiples. Toutefois, la CRB bénéficie du soutien de ses partenaires, notamment la FICR, les Sociétés nationales sœurs et d’autres acteurs humanitaires.
[…] nous souhaitons consolider notre rôle de leader dans l’action humanitaire au Bénin
Pour Zogbodomey, nous avons pu obtenir un financement rapide via le DREF, ce qui a permis de déclencher l’opération d’assistance. Nous continuons à plaider auprès des partenaires techniques et financiers pour renforcer les capacités d’intervention de la CRB au niveau national et local.
Comment travaillez-vous en synergie d’actions avec les populations et les autorités à divers niveaux pour prévenir de tels incidents à l’avenir ?
La collaboration avec les autorités locales et la population est au cœur de notre stratégie. Nous impliquons les communautés dans toutes les phases de nos interventions : de l’évaluation à la mise en œuvre. Avec les mairies, les services déconcentrés de l’État et les plateformes locales de réduction des risques, nous organisons des sessions de formation, des campagnes de sensibilisation et des exercices de simulation. Cette synergie permet de créer un environnement propice à la prévention et à une réponse plus efficace aux catastrophes futures.
Quelles sont les perspectives ?
Les perspectives de la CRB sont orientées vers le renforcement de la résilience communautaire, le développement des partenariats durables et l’amélioration continue de notre mécanisme de réponse. Nous ambitionnons également de renforcer notre réseau de volontaires, d’élargir notre couverture territoriale au plus bas (village) et d’intégrer davantage les approches innovantes comme le cash transfert et la digitalisation des données. À travers toutes ces actions, nous souhaitons consolider notre rôle de leader dans l’action humanitaire au Bénin.