La bonne santé des populations est le point de départ du développement durable de toute nation. Face aux enjeux de santé publique en Afrique, il devient impérieux que les Etats africains travaillent en synergie d’action pour imposer une souveraineté sanitaire portant sur l’accès aux soins de santé, les produits pharmaceutiques, les vaccins et les découvertes. Cette année, le Forum Galien ouvre sa 8ème édition et sa 5ème édition des Prix Galien sous de bons auspices : la présence de hautes autorités africaines parmi les décideurs et les scientifiques de haut niveau y compris les jeunes, fer de lance du développement et les femmes.
En bon pédagogue, Professeur Awa Marie Coll Seck, Présidente du Forum Galien Afrique a clarifié quelques points : « le Forum Galien est une plateforme de transformation, une communauté d’idées en d’action. L’Afrique n’est pas seulement un continent au double fardeau sanitaire mais c’est aussi un moteur d’innovations et de solution. C’est un espace d’écoute d’échange et d’engagement. Les défis sont grands mais notre détermination l’est davantage. »
S’appuyant sur le thème, elle fera savoir que « la souveraineté sanitaire, c’est la capacité pour nous pays de définir nos priorités, de financer nos systèmes, de produire localement des médicaments ou vaccins et de valoriser nos chercheurs, nos savoirs et nos talents. Cette souveraineté ne peut pas être isolée. C’est une souveraineté collective : c’est à l’échelle du continent que nous devons unir nos forces, mutualiser nos ressources, partager nos expériences et bâtir une solidarité sanitaire africaine. »
Transformer les ressources…
La 8ème édition du Forum Galien Afrique est conjointement organisée avec la 5ème édition du Prix Galien Afrique. Cette distinction, à en croire Dr Magda Roballo, coprésidente du comité scientifique, consacre les innovateurs, les institutions et les chercheurs. Mieux, le Prix Galien célèbre la créativité, distingue les meilleurs innovateurs en matière de médicaments, vaccins, dispositifs médicaux et initiatives de santé publiques.
« Ce thème résonne avec les défis actuels du continent et aussi avec son potentiel et ses immenses opportunités. Nous voulons passer de potentiel et des opportunités à une réalité qui transforme nos immenses ressources naturelles en meilleure santé, bien-être et prospérité pour nos populations », renchérit Dr Magda Roballo.
En quatre jours donc, le Forum Galien Afrique sera un espace d’inspiration, de dialogue et d’action pour transformer nos ambitions de souveraineté sanitaire en réalité concrète au service de nos populations. La cérémonie de lancement de la 8ème édition du Forum Galien est placée sous le haut parrainage du Premier Ministre du Sénégal, Ousmane Sonko. Il s’est fait représenter pour l’occasion par Dr Ibrahima Sy, Ministre de la santé et de l’hygiène publique. Pour lui, la pandémie de la Covid-19 a révélé les fragilités profondes des systèmes de santé en Afrique, l’injustice dans l’accès aux vaccins et la dépendance excessive aux importations des médicaments et autres produits de santé mais elle a aussi révélé que l’Afrique dispose du potentiel humain, scientifique et industriel pour prendre en main son destin sanitaire.
« […] que la prévention soit au centre de nos stratégies »
D’après le ministre de la santé, la souveraineté sanitaire, au-delà d’un slogan, est un accomplissement quotidien qui passe par le fait d’« assurer que nos enfants aient accès à des vaccins essentiels, que nos mères bénéficient de soins obstétricaux sûrs, que nos malades aient un accès à des soins de santé de qualité et à un système de soins performant et résilient afin que la prévention soit au centre de nos stratégies. » A titre d’exemple, Dr Ibrahima Sy a partagé quelques avancées du Sénégal notamment la couverture sanitaire universelle qui a élargi l’accès aux soins, l’Institut Pasteur de Dakar qui est devenu une référence en matière de production vaccinale et un porteur d’espoir grâce au projet Madiba, les universités et centres de recherche sénégalais contribuant aux solutions continentales, la digitalisation du système de santé en cours et l’utilisation des données géospatiales dans la lutte contre les épidémies.
Malgré cette dynamique, quelques défis subsistent à savoir : la faiblesse des financements domestiques et l’inégalité d’accès aux services de santé. Cependant, il énonce quelques piliers de la souveraineté sanitaire en Afrique : construire et équiper les structures de santé pour offrir des services de diagnostic et de soutien aux normes internationales pour des soins de santé de qualité, valoriser notre capital humain, financer la santé (mécanismes innovants de financement), et la responsabilité collective.
Toutefois, « la souveraineté sanitaire n’est pas un repli sur soi mais la capacité à décider de nos priorités et à bâtir des partenariats équilibrés et gagnant-gagnant. Elle fait appel à une coopération africaine à travers l’Agence africaine du médicament (Africa CDC), des partenariats équilibrés, équitables avec le secteur privé et la société civile, la solidarité africaine. »
