Professeur Placide Cledjo au sujet des inondations à l’Uac : « C’est lié à la topographie du campus »

Des images d’une université complètement submergée par l’eau de pluie. Deux fois consécutivement, il a fallu recourir à des solutions…

Professeur Placide Clédjo, directeur de l'école doctorale pluridisciplinaire

Des images d’une université complètement submergée par l’eau de pluie. Deux fois consécutivement, il a fallu recourir à des solutions d’urgence. Professeur Placide Cledjo est géographie et par ailleurs, directeur de l’école doctorale pluridisciplinaire à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac). Il échange ici au sujet des mesures envisagées pour répondre face aux eaux encombrantes.

Thanguy AGOI : Pourquoi les eaux stagnent-elles depuis quelques temps au campus d’Abomey-Calavi ?

Pr Placide CLEDJO : Nous sommes en saison des pluies, qui commence de mi-mars à mi-juillet. Ce que nous avons ici est lié à la topographie du campus. Sur le plan topographique, nous avons une dépression fermée qui concentre les eaux à cet endroit-là. Le campus est orienté Est-Ouest, mais il y a une partie qui est orientée vers cette dépression et qui débouche sur le domaine de l’ORTB. C’est pourquoi nous observons cette concentration.

Mais en dehors de cela, il y a les caniveaux pour évacuer les eaux vers le lac Nokoué. En réalisant ces caniveaux derrière le campus, là où il y a la dépression fermée, les chinois ont remblayé la zone pour pouvoir obtenir le niveau nécessaire. C’est ce qui a amplifié l’inondation à ce niveau. Les eaux ne trouvent plus d’issue pour sortir du campus parce qu’elles étaient bloquées au niveau de la clôture. La solution qu’on a trouvé, c’est d’essayer d’enlever la clôture, déformer un peu le remblai. Cela a permis d’évacuer les eaux en moins de deux heures de temps.

Que font le rectorat en tant qu’administration, et l’école doctorale que vous dirigez, en tant qu’entité de recherche et de réflexion face au problème ?

Le rectorat n’est pas resté sans rien faire. En tant que responsable de l’école, j’ai fait l’auto-saisine en appelant le recteur pour savoir ce qu’il peut faire. Mais en qualité de géographe, je lui ai fait des propositions. Ensuite, il a donné des instructions et nous avons pris des pelles mécaniques pour faire le curage des tranchées qu’on avait faites entre temps qui libéraient et envoyaient les eaux vers le lac Nokoué le long de notre clôture. Pour la deuxième fois, nous avons été obligés de faire tomber un pan de la clôture du campus pour libérer l’eau. Elle est partie une heure de temps après.

La première fois, les eaux ont envahi l’amphi Idriss DEBY, l’amphi UEMOA et autres. Lorsque la deuxième vague est arrivée, la superficie a doublé parce que les eaux ne s’étaient pas totalement infiltrées, bien que la quantité ne soit pas comme la précédente. Face à la situation, l’école doctorale a réuni les diverses spécialités de l’aménagement en formant une équipe pluridisciplinaire qui a une semaine pour réfléchir sur la question et déposer ses résultats au rectorat pour la mise en application. La note de service est déjà prise.

Faut-il procéder par des actions ponctuelles comme cela se fait actuellement alors que la saison n’est pas terminée ? C’est fastidieux, non ?

La saison n’est effectivement pas terminée. Ces actions sont ponctuelles pour répondre à la crise actuelle. L’équipe que nous avions mise en place doit déposer ses résultats qui sont applicables aussitôt puisque le recteur est informé de l’existence de cette équipe. On verra s’il faut faire des caniveaux pour sortir l’eau du campus ou créer un lac artificiel. Il y a beaucoup d’idées jetées pêle-mêle. Je ne veux pas devancer les faits. C’est toujours en discussion. Du point de vue durable, nous avons évalué la quantité d’eau que nous allons faire évacuer par le système de drainage établi déjà par les chinois sur l’autre voie. Ils sont d’accord qu’on utilise leur canalisation.

Au-delà du campus, faut-il craindre pour Abomey-Calavi?

Oui. Il faut craindre. Le vrai problème de Calavi, c’est les dépressions fermées, c’est-à-dire des cuvettes. Il y en a un certain nombre dans la commune, ce qui ne facilite pas l’évacuation de l’eau. Abomey-Calavi, c’est le plateau qui a une pente raide appelée talus et qui permet d’évacuer l’eau vers le lac Nokoué. Mais sur le plateau même, c’est des dépressions fermées qu’il faut aménager avec des solutions précises ; soit en créant des lacs artificiels ou trouver des systèmes de drainage. Ceci pose en même temps un autre problème avec les lotissements. On ne peut lotir sans trouver au préalable les moyens d’aménager. Et cela, c’est avec les géographes.

Propos recueillis par : Thanguy Agoï (https://web.facebook.com/thanguyagoiofficiel)

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