Cette initiative vient en réponse aux engagements pris auprès du Réseau des Parlementaires pour la lutte contre le paludisme de la CEDEAO-Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS), et de la Coalition des parlementaires pour l’éradication du paludisme en Afrique (COPEMA). En effet, bien qu’étant une maladie évitable et traitable, le paludisme demeure encore une grave menace pour la santé mondiale, malgré les progrès impressionnants enregistrés dans la marche vers l’élimination de cette vieille affection au cours de ces dernières années.
D’après le dernier rapport sur le paludisme publié par l’Organisation mondiale de la santé en décembre 2024, il est estimé à 263 millions, le nombre de cas de paludisme et à 597 000, le nombre de décès dus à cette maladie dans le monde en 2023. A elle seule, la région Afrique concentre plus de 95 % des décès, enregistrant des milliers de femmes enceintes et enfants à risque n’ayant toujours pas accès aux services dont elles ont besoin pour prévenir, détecter et traiter la maladie.
Le Bénin se démarque par ses efforts à lutter efficacement par cette maladie. Cela passe notamment par la campagne « Zéro palu ! Je m’engage » et l’initiative « Zéro palu ! Les entreprises s’engagent », lancées par le pays en 2020 et la mobilisation exemplaire des députés de l’Assemblée nationale du Bénin (8ème et 9ème législature). Lesquels se mobilisent à nouveau pour unir leurs forces afin de créer un Caucus pour l’élimination du paludisme au Bénin.
« Votre présence ici malgré les travaux parlementaires consacrés aux débats d’orientation budgétaire témoigne de votre détermination à faire progresser le bien-être de nos populations face au fléau du paludisme qui constitue un défi majeur pour nos systèmes de santé et notre développement », se félicite l’Honorable Constant Nahum, Coordonnateur du Réseau des parlementaires béninois pour la lutte contre le VIH/SIDA, le tabagisme, la tuberculose, le paludisme et l’élimination de l’hépatite. Pour lui, cet atelier va au-delà de la mise en place d’un Caucus des parlementaires en vue d’analyser la situation épidémiologique du paludisme au Bénin, d’évaluer les ressources mobilisées et les besoins non couverts, notamment pour la santé communautaire, l’Assurance Maladie du projet Assurance pour le Renfoncement du Capital Humain (ARCH) et la vaccination, et d’identifier des niches de financement et les partenariats avec le secteur privé.
« Il nous permettra également de renforcer nos capacités en plaidoyer budgétaire pour garantir une mobilisation de ressources internes et une redevabilité », assure-t-il.
Contribuer à l’atteinte de l’ODD3
Pour le chef de fil des partenaires techniques et financiers du secteur de la santé, Dr Konan Kouamé Jean, Représentant Résident de l’Organisation mondiale de la Santé au Bénin, le Bénin a enregistré des avancées notables ces dernières années dans la lutte contre le paludisme. Il s’agit notamment de l’introduction du vaccin antipaludique en avril 2024, la mise en œuvre régulière des campagnes de Chimio-prévention du Paludisme Saisonnier (CPS) dans les zones éligibles, et la distribution massive et gratuite des Moustiquaires Imprégnées à Longue Durée d’Action (MILDA) à travers des campagnes nationales et des canaux communautaires.
« Ces interventions intégrées, dira-t-il, ont permis d’observer une baisse significative de l’incidence du paludisme, passant de 21 % en 2022 à 13 % en 2024, avec une amélioration de la couverture des femmes enceintes bénéficiant du traitement préventif intermittent et une réduction du nombre de décès. » Il se félicite donc du lancement du Caucus parlementaire pour l’élimination du paludisme comme une avancée stratégique majeure qui permettra d’activer le plaidoyer pour l’allocation durable de ressources domestiques, en tenant compte des gaps du Plan stratégique national intégré pour l’élimination du paludisme.
Par ailleurs, ce Caucus veillera au contrôle parlementaire de l’efficacité des dépenses en santé et des mécanismes de reddition de comptes, et la mobilisation des communautés à la base à travers votre proximité avec les populations. Présente à ce lancement, la directrice exécutive adjointe de l’ONG Speak Up Africa, Fara Ndiaye, partenaire stratégique du Bénin dans la lutte contre le paludisme, dira : « il est important pour nous de maintenir les acquis et d’aller de l’avant. C’est dans cette optique que nous avons décidé de soutenir techniquement et financièrement les travaux de lancement du Caucus des parlementaires pour l’élimination du paludisme et l’adoption de son plan d’action triennal 2025-2028. Votre leadership, votre influence et vos voix sont essentiels pour l’accroissement des financements nationaux, la mise en œuvre de toutes les stratégies nationales et la sensibilisation des communautés à travers votre implication concrète auprès des structures au niveau communautaire. »
Elle espère que cette initiative contribuera à l’atteinte de l’ODD3, dans une approche multisectorielle qui permettra de sauver des millions de vies et de libérer nos communautés africaines de ce fardeau.
« Un grand jour pour la lutte contre le paludisme »
Suite au lancement du Caucus des parlementaires pour l’élimination du paludisme, les députés ont eu droit à plusieurs présentations : l’engagement des parlementaires, la situation du paludisme au Bénin, les modalités de suivi budgétaire dans le cadre de la lutte contre le paludisme et les
limites, le niveau de mise en œuvre de la nouvelle politique nationale de santé communautaire et du vaccin antipaludique RTS’S dans le PEV au Bénin. A la suite des débats, il a été mis en place, une feuille de route conjointe relative à la revue de la charte de fonctionnement du caucus et du projet de Plan de Travail triennal 2025-2028.
« Aujourd’hui, c’est un grand jour pour la lutte contre le paludisme au Bénin et en Afrique. Parce que c’est la première fois que les parlementaires béninois sont réunis avec le soutien des partenaires techniques et financiers pour la mise en place d’un caucus spécifique, thématique. Et ce caucus est consacré à l’élimination du paludisme », se réjouit l’honorable Aké Natondé, champion de la lutte contre le paludisme au Bénin. D’après lui, ce qui va désormais changer dans la lutte qui est menée, c’est que les décideurs béninois auront un regard plus attentif quant à ce qui concerne la lutte contre le paludisme.
« Si, à travers la création de ce caucus, nous arrivons à faire reculer le paludisme ou à l’éliminer d’ici à 2030, comme l’objectif de l’OMS, ce serait déjà un pari gagné. Ce sera la fin de la première maladie qui est la cause des consultations et des hospitalisations dans nos hôpitaux. Le paludisme représente 45% des causes de consultation. Nous ne voulons pas que ces ravages se poursuivent. C’est pour cela que nous sommes toujours dans cette lutte », assure-t-il.