L’Organisation non gouvernementale Communautés solidaires pour l’environnement et le développement (ONG COSED) a initié BP100, qui se veut le plus vaste projet communautaire au Bénin. Objectif ultime : rendre Bohicon, la ville la plus propre du pays à l’horizon 2025.
Il est presque 7h ce samedi 02 novembre. Une équipe du « BP100 », en provenance de Cotonou, capitale économique du Bénin, vient de parcourir 124km pour rejoindre Bohicon, aux encablures du carrefour Mokass. « Voyez comment c’est encore sale. C’est le samedi dernier que nous avions nettoyé cet endroit mais on dirait que cela n’a jamais été fait. Nous n’abandonnerons pas », fait remarquer Gilchrist Atchaoué, président de l’ONG COSED, en arrivant sur le périmètre où le nettoyage doit se poursuivre. L’équipe est à son 6ème samedi de salubrité.
« Rendre ma ville propre »
Les tâches sont vite réparties. Gilchrist va prendre le matériel de travail. Les autres membres de l’équipe vont au contact des passants. Ils expliquent l’initiative, sensibilisent sur son utilité et tentent de recruter des volontaires. Alors que la plupart promet de se joindre au mouvement dès les prochaines séances, quelques-uns s’allient spontanément au groupe. « C’est un ami faisant partie du groupe qui m’a invité. Comme la plupart des samedis, je ne fais rien à la maison, participer à cette activité contribue non seulement à rendre ma ville propre, mais aussi à me permettre d’être en activité et avoir une vie sociale », confie Myriam Gbaguidi, élève au Ceg1 Bohicon.
A 8h et avec moins d’une dizaine de personnes, l’équipe recompose les tas d’ordures éparpillés sur le site aménagé le week-end précédent. Ils sont ensuite convoyés vers un centre de décharge. Des mauvaises herbes obstruent presque le passage piéton d’un côté du bitume après le carrefour Mokass. Les jeunes volontaires, armés de houes, coupe-coupes, râteaux ; et protégés avec des gants, désherbent quelques centaines de mètres. Le soleil ardent de ce samedi n’émousse aucunement leur ardent. Au contraire, ils scandent des slogans, chantent, dansent et se remettent au travail. Un spectacle inhabituel à Bohicon qui suscite l’intérêt des curieux.
Pourquoi le projet « BP100 »
« J’ai passé 17 ans à Bohicon. Je suis ensuite allé au Canada où j’ai vécu pendant 10 ans. A mon retour, j’ai remarqué qu’il n’y avait pas vraiment eu de changement par rapport à l’assainissement. J’ai alors voulu apporter ma pierre au développement de la ville, explique Gilchrist Atchaoué, originaire de Bohicon. Je pars du concept que c’est la propreté qui attire la prospérité, en faisant venir les entreprises, attirer les touristes et générer de l’économie. »
C’est ainsi qu’il a initié le projet « BP100 » en vue de promouvoir des comportements décents pour la création et le maintien d’un cadre de vie propre et durable. Et, encourager la mise en place d’industries vertes avec les déchets comme matière première à valeur ajoutée économique. « Sans la propreté, il n’y a pas de développement. Si Bohicon est un peu propre, cela favorisera l’implantation des usines pour le développement de la ville », renchérit Gildas Ahomagnon, élève au Ceg2 Abomey, ayant participé aux 2h de salubrité de ce samedi.
Un prototype à implémenter
L’ONG COSED s’est assignée pour mission d’œuvrer à susciter la participation citoyenne. Si pour le moment, le projet ne mobilise que quelques vingtaines de personnes à chaque séance, ses initiateurs sensibilisent des élèves et étudiants pour atteindre un effectif de 50 les prochaines fois. La vision étant également de créer un lieu de rencontre pour les jeunes et moins jeunes. Partant du concept que l’union fait la force, Gilchrist Atchaoué et ses amis ambitionnent d’obtenir l’adhésion de 500 personnes à terme. Elles pourront se répartir un peu partout dans la ville, afin d’accélérer l’atteinte des résultats.
Pour honorer le rendez-vous des samedis à 7h, l’équipe procède à la mobilisation via les réseaux sociaux. « Quand on commence quelque chose de nouveau, ça prend du temps à susciter l’intérêt général. Nous sommes venus sur ce site une première fois, une deuxième fois, puis la troisième fois, le chef quartier s’est intéressé à ce que nous faisons et a mobilisé les riverains à notre cause », raconte Gilchrist. A un mois-et-demi d’activité, et encore très loin du compte, le « BP100 » veut mettre en place un modèle applicable dans d’autres localités du Bénin.
Michaël Tchokpodo