Mis en œuvre de 2013 à 2019 dans 13 communes de la Basse Vallée de l’Ouémé, le Projet d’Appui à la Préservation et au Développement des Forêts Galeries et Production de Cartographie de base Numérique (PAPDFGC) a œuvré pour la promotion de la conservation et de l’utilisation durable des forêts galeries de la Basse Vallée du fleuve Ouémé. A Ahlan dans la commune de Zagnanado, le projet a outillé les communautés contre les causes et les effets des inondations à travers le reboisement des berges.
Ahlan, un village de l’arrondissement de Kpédékpo, commune de Zagnanado. Le regard tourné vers la végétation luxuriante des abords du fleuve Ouémé, Maxime Aïzannon ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire satisfait. Il y a quelques années seulement, le site qu’il contemple presque tendrement était vide d’arbres, et les champs aménagés par les populations, constamment détruits par les inondations qui, sur leur passage emportaient terres et espoirs. Ancien chef de ce village vulnérable aux aléas climatiques et à l’érosion du sol, Maxime Aïzannon se réjouit de la réduction, aujourd’hui, de l’intensité des inondations à Ahlan.
De 2013 à 2019, le village a bénéficié du Projet d’Appui à la Préservation et au Développement des Forêts Galeries et Production de Cartographie de base Numérique dont l’un des objectifs était de reboiser les berges de la basse de vallée de l’Ouémé pour éviter l’encombrement du fleuve et limiter les inondations.
Appuyé par le Gouvernement du Bénin, l’Union européenne et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ce projet a permis de reboiser les berges du fleuve au niveau d’Ahlan, au grand soulagement des riverains.
« … barrière à l’inondation »
« Nous souffrions beaucoup avant. Quand il pleuvait, les eaux emportaient avec elles des champs entiers, ce qui causait l’ensablement du fleuve et la raréfaction de gros poissons. Depuis que ces arbres ont été plantés, nos champs résistent quand il pleut. Les arbres font barrière à l’inondation. La terre reste sur place. Nous avons aussi beaucoup plus de poissons dans fleuve », témoigne Maxime Aïzannon.
« J’étais le chef du village à l’avènement du projet. (…) J’ai été séduit quand on nous en a expliqué les objectifs et, sans hésiter, j’ai proposé qu’Ahlan soit le premier bénéficiaire de sa mise en œuvre dans la commune de Zagnanado. Ma proposition a été acceptée ».
Dans la mise en œuvre du PAPDGGC, des pépiniéristes ont été mobilisés pour les campagnes de reboisement. Ils avaient pour rôle de produire des plants et d’appuyer les communautés pour la mise en terre et l’entretien desdits plants.
Il faut dire que les forêts galeries de la basse vallée de l’Ouémé n’ont pas échappé à l’action destructrice de l’homme. Les arbres et la plupart des essences autochtones ont été coupés pour servir de bois de chauffe, la production de charbon de bois, l’extraction non-durable de bois d’œuvre, etc.
Une situation qui n’est pas sans conséquences sur les communautés dépendantes de ces forêts qui, en plus des menaces sur leurs activités (pêche, agriculture), subissent de plein fouet les effets néfastes des inondations devenues récurrentes.
De rien à une forêt
Le pépiniériste Pierre Bocco est fier du travail abattu jusque-là. « Cet espace était vide ; aujourd’hui c’est devenu une forêt », se félicite-t-il, désignant d’un grand geste la berge. Dénudé à l’avènement du PAPDFGC, l’endroit est recouvert, environ sept années après, de plusieurs variétés d’arbres.
« On peut y retrouver des essences telles que le samba, l’iroko, la Cola gigantea, le Xylopia aethiopica, le Ceiba pentandra », énumère le pépiniériste, tout en partageant ce qu’il connaît des vertus et de l’utilité de ces essences.
« Appelé Kpédjélékoun en langue locale fon, le Xylopia aethiopica est une plante médicinale utilisée pour les enfants et les femmes enceintes. On l’utilise aussi pour traiter le paludisme et soigner les plaies. L’iroko est utilisé dans la menuiserie et sert à fabriquer des portes, des tables et chaises par exemple ».
Sur l’ensemble des communes couvertes, le projet a permis, de 2013 à 2019, de reboiser 188,75 ha de berge soit environ 74,5 km avec 190 344 plants d’espèces autochtones/locales pour restaurer partiellement la végétation détruite le long des berges.
Le projet a aussi œuvré à la mise en place de 74 comités locaux de protection et de gestion des forêts galeries (arrêtés disponibles) dans le cadre des activités de reboisement ; la formation, l’installation et l’équipement de 32 membres des comités locaux de gestion sur les techniques modernes pour la promotion de l’apiculture comme alternative de conservation et de valorisation des ressources naturelles dans 16 forêts galeries dotées de Plan d’Aménagement et de Gestion Simplifiée (PAGS).
« Nous sommes les plus grands bénéficiaires du projet »
Jetant un regard rétrospectif sur le chemin parcouru depuis 2013, Maxime Aïzannon fait part de son entière satisfaction. « Je sais ce qu’il y a comme bénéfice dans ce projet, aussi bien sur le plan économique que sur celui de la santé. Nous, populations en sommes les plus grands bénéficiaires ».
Financé par l’Union européenne pour un montant de 5,2 milliards de FCFA (8 millions d’euros) et par le PNUD à hauteur d’environ 200 millions de FCFA (300.000 euros), le PAPDGGC a deux composantes. La composante « Conservation et utilisation durable des forêts galeries » a couvert 13 communes de la basse vallée de l’Ouémé à savoir Zagnanado, Zogbodomey, Ouinhi, Kétou, Adja-Ouèrè, Akpro-Missérété, Adjohoun, Bonou, Aguégués, Sèmè-Kpodji, Dangbo, Porto-Novo pour le volet lutte contre les inondations. La composante « Cartographie numérique » a, quant à elle, pris en compte toute l’étendue du territoire national, soit les 77 communes.
Flore Nobimè