À travers son projet Bohicon Propre à 100% (BP100), l’ONG COSED fait le pari de rendre Bohicon la ville la plus propre du Bénin d’ici 2025. Bohicon, commune située à 124km de Cotonou, capitale économique du Bénin, accueillera le plus vaste projet communautaire de nettoyage du pays.
Sachets errants, buissons, dépotoirs mal entretenus, etc. Sur les abords des voies publiques, terre-pleins centraux et ruelles de Bohicon, séjournent des détritus aux couleurs arc-en-ciel. A 9km d’Abomey, capitale historique du Bénin, Bohicon, grand de ses 44km², ne retient pas l’attention de ses visiteurs. Bien que beaucoup de travaux louables aient été faits par l’État sous le Programme d’actions du gouvernement, il reste encore à faire dans le domaine de la salubrité. C’est ce qui a choqué Gilchrist Atchaoué, lorsqu’il repart dans sa ville natale dix ans après son départ pour le Canada.
« Et si on pouvait nettoyer tout cela ? Et si on pouvait tous s’y mettre et éliminer ce fléau une fois pour de bon ? », n’a-t-il de cesse à se demander une fois rentré. La réponse à cette question a fait naître l’idée du projet BP100. Il consiste à l’élimination de tous les dépotoirs sauvages de la ville, au désherbage et au balayage des rues. Gilchrist Atchaoué n’a pas perdu le temps à trop réfléchir : il d’abord rassemblé 25 jeunes, et avec quelques houes, râteaux, gants et masques, il organise ses premiers samedis de salubrité. « C’était six semaines de travail dans une vraie ambiance de fête et de joie », se rappelle-t-il. Dans la foulée, les passants et les populations voisines sont sensibilisés à la protection de l’environnement et invités pour les prochaines séances.
Sensibiliser par l’action
Après cette phase expérimentale, les démarches administratives entreprises ont permis de formaliser la création de l’ONG COSED, et de se rapprocher des autorités locales et des acteurs de la salubrité à Bohicon. L’initiative « Pas de Princes » de l’actuel Maire de la ville a démontré un engagement des autorités et a renforcé le désir du projet BP100 d’apporter sa contribution. « Notre objectif, c’est de fédérer tout le monde, rassure l’initiateur du projet. Le 5 décembre 2020, nous passeront de 25 à 500 personnes qui feront le nettoyage tous les week-ends jusqu’en 2025. Une ambiance festive et de la nourriture seront assurés. Les ordures collectées seront déposées dans la décharge publique prévue à cet effet. Nous faisons à-peu-près deux heures de travail chaque samedi. L’engouement du projet attire déjà des volontaires de Cotonou et environs. À la longue, nous prévoyons donc qu’il y aura un impact important sur le tourisme dans cette belle ville de Bohicon. »
Le samedi 05 décembre prochain, les 500 personnes seront subdivisées en 10 groupes de 50. Elles seront protégées avec des masques, bottes et de gants et munies de houes, coupe-coupes, râteaux. Dans le strict respect des gestes barrières et de distanciation sociale contre la Covid-19, les différents groupes vont s’atteler à donner un nouveau visage à Bohicon. Objectif : sensibilisation de la population par la population elle-même. Avec le nettoyage constant chaque semaine pendant 5 ans, les populations seront appelées à ne plus jeter les ordures dans les rues et à s’abonner aux ONG de collecte.
« La propreté, c’est la prospérité »
En mettant toute son énergie au service de la salubrité à Bohicon, Gilchrist Atchaoué veut développer d’autres secteurs porteurs de devises. « La propreté, c’est la prospérité, fait-il savoir. Dès que nous rendrons réellement Bohicon la ville la plus propre du Bénin, cela attirera de par le monde des touristes, mais aussi des familles, des investisseurs, des entrepreneurs qui voudront s’installer. Imaginez déjà juste les possibilités dans le secteur de la transformation des déchets. La propreté est un puissant levier de développement économique. Si nous voulons vraiment sortir de la pauvreté, nous devons commencer à nettoyer nos villes, éliminer les déchets, nettoyer les routes pour attirer de nouvelles industries. »
Pour le fondateur de l’ONG COSED, « le fait que les villes soient propres et agréables permet l’arrivée de nouveaux prestataires de produits et services, et ainsi de créer de nouveaux emplois. » L’impact de ces prestations se fera sentir sur l’écoulement des activités économiques et la croissance du PIB par habitant. A quelques jours de l’entame du projet, Biram Amoussouvi, chargé de la mobilisation des ressources humaines, motive de nouveaux participants et réorganisent les anciens. Dans les lycées et collèges, du bouche à oreille, tous les moyens sont mis en œuvre pour susciter l’engouement autour de l’initiative. Rendez-vous dans les rues de Bohicon le 5 décembre prochain.
Pour plus d’informations sur le projet BP100, visitez : https://fr.ongcosed.com
Michaël Tchokpodo