À l’occasion de la semaine de l’allaitement maternel, l’Organisation des Nations unies appelle à la nécessité d’intensifier le soutien à l’allaitement dans les lieux de travail. C’est le seul moyen d’atteindre la barre des 70 % de taux d’allaitement maternel à l’horizon 2030.
En dépit des prouesses réalisées ces 10 dernières années en matière d’allaitement maternel, deux agences onusiennes ont alerté les pays sur la nécessité de s’investir davantage en multipliant les politiques visant à faciliter l’allaitement maternel. Cet appel de l’ONU intervient au matin de la semaine de l’allaitement maternel qui couvre la période du 1er au 7 août 2023. Dans une déclaration conjointe, Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF, et Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), insistent sur « la nécessité d’intensifier le soutien à l’allaitement sur tous les lieux de travail, afin de maintenir et de renforcer les progrès enregistrés en matière d’allaitement au sein dans le monde entier ».
Ces dix dernières années, la prévalence de l’allaitement maternel exclusif a connu une hausse spectaculaire de 10 points de pourcentage, passant à 48 % à l’échelle du globe. Plusieurs pays comme la Côte d’Ivoire, les Îles Marshall, les Philippines, la Somalie et le Viet Nam ont enregistré des progrès considérables. Ce qui témoigne sans doute de l’efficacité des initiatives visant à protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement au sein. Mais dans le souci de maintenir le cap en vue d’atteindre les objectifs définis à l’horizon 2030, il urge selon Mme Russell et Dr Tedros de « supprimer les obstacles auxquels se heurtent encore les femmes et les familles ».
Comme obstacle, les autorités de l’UNICEF et de l’OMS ciblent tout suite le cadre de travail qui n’est pas propice à l’allaitement maternel. En effet, des données probantes révèlent que les taux d’allaitement maternel chutent considérablement quand les femmes retournent travailler. Cependant, il est possible d’inverser la tendance en aidant les mères à continuer d’allaiter leur bébé sur leur lieu de travail.
Promouvoir des congés de maternité payants
Et pour cela, les décideurs politiques doivent instaurer des mesures visant à promouvoir des congés de maternité rémunérés, des pauses pour l’allaitement et même la mise à disposition d’une pièce dans laquelle les mères peuvent allaiter ou tirer leur lait. Ici, l’avantage est que les pays vont assister de façon naturelle à une diminution du taux d’absentéisme lié à la maternité, en augmentant la rétention des employées et en réduisant les coûts associés au recrutement et à la formation de nouvelles personnes.
Selon les patrons de l’UNICEF et de l’OMS, l’allaitement présente des avantages autant pour les mères, les bébés que pour les entreprises.
« Dès les premiers moments de la vie de l’enfant, l’allaitement maternel constitue l’intervention ultime en faveur de sa survie et de son développement. L’allaitement au sein protège les bébés contre les maladies infectieuses courantes et stimule leur système immunitaire, en leur fournissant les nutriments essentiels dont ils ont besoin pour grandir et se développer pleinement. Les bébés qui ne sont pas allaités sont 14 fois plus susceptibles de mourir avant leur premier anniversaire que les bébés qui bénéficient d’un allaitement maternel exclusif ».
Pour mener à bien le combat de l’allaitement maternel, l’UNICEF et l’OMS pensent que les gouvernants, la société civile et le secteur privé doivent conjuguer in extenso leurs efforts. Agir en synergie, permettra à coût sûr de garantir que toutes les mères actives, y compris les femmes travaillant dans le secteur informel ou titulaires d’un contrat temporaire, disposent d’un environnement propice à l’allaitement, en leur permettant de faire régulièrement des pauses et en leur donnant accès à des installations pour continuer d’allaiter leur enfant quand elles retournent au travail ; fournir un congé rémunéré suffisant à l’ensemble des parents et des personnes ayant la charge d’enfants qui travaillent de sorte qu’ils puissent répondre aux besoins de leurs enfants en bas âge. Aussi, un congé de maternité rémunéré d’au moins 18 semaines, s’étendant de préférence pendant une période de moins de six mois ou plus après la naissance est envisageable.
Enfin, il faut accroître les investissements en faveur des politiques et des programmes de soutien à l’allaitement dans tous les contextes, notamment les politiques et les programmes nationaux réglementant et promouvant le soutien aux femmes allaitantes sur le lieu de travail dans les secteurs public et privé.
Ignace Tossou