Fistule obstétricale en Afrique : le regard du Dr Cheick Touré de l’ONG IntraHealth International

La fistule obstétricale, une maladie dévastatrice qui affecte des milliers de femmes en Afrique, est au cœur des préoccupations de…

Dr Cheick Touré, directeur Afrique de l’ouest et du centre de l'ONG IntraHealth International

La fistule obstétricale, une maladie dévastatrice qui affecte des milliers de femmes en Afrique, est au cœur des préoccupations de la communauté médicale et des défenseurs de la santé des femmes. Dans un webinaire, organisé par le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (Remapsen), les hommes des médias ont eu l’exclusivité de discuter de cette problématique cruciale avec le Docteur Cheick Touré, directeur Afrique de l’ouest et du centre de l’ONG IntraHealth International.

La fistule obstétricale est une lésion grave qui survient lors de l’accouchement, souvent en raison d’un accès limité aux soins de santé adéquats pendant le travail. Elle peut entraîner des conséquences dévastatrices pour les femmes qui en souffrent, notamment l’incontinence urinaire et fécale, la stigmatisation sociale et des impacts psychologiques graves. En Afrique, la fistule obstétricale demeure un problème majeur, mais des initiatives de santé publique et des organisations telles qu’IntraHealth International s’efforcent de faire la différence.

Docteur Cheick Touré, directeur régional d’IntraHealth International pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, a mis en avant le grave problème de la fistule obstétricale dans les pays en développement. Selon les données de l’OMS, plus de 2 millions de femmes dans le monde souffrent de fistules (qu’elles soient obstétricales ou génitales), et près de 92 % d’entre elles résident en Afrique subsaharienne. L’objectif est d’éradiquer la fistule d’ici 2030.

Dans sa présentation, il a révélé que la gravité de cette situation est en grande partie due à la situation sanitaire dans cette partie du continent, où des facteurs tels que le mariage précoce, la pauvreté, la malnutrition, des pratiques néfastes comme l’excision, l’accès limité aux soins de santé en raison de la géographie, les erreurs médicales et le recours tardif aux établissements de santé spécialisés favorisent la survenue de la fistule. Les données présentées indiquent que 88 % des patientes atteintes de fistule se sont mariées ou ont eu des relations sexuelles pour la première fois pendant l’adolescence, entre 10 et 19 ans.

Choisir la césarienne

Dr Cheick Touré a souligné que l’accouchement naturel n’est pas exclu, mais qu’il est recommandé de privilégier la césarienne dans des établissements adaptés. Il a également argumenté que la disponibilité de ressources humaines qualifiées dans le secteur de la santé est essentielle, car le progrès est tributaire d’un système de santé adéquat. « Il y a des cas où des femmes déclarent avoir donné naissance à leurs cinq enfants à domicile sans nécessiter de soins spécialisés. Cela peut se produire de cette manière. Toutefois, ces femmes doivent être conscientes que chaque grossesse peut comporter des problèmes et des complications. Au lieu de prendre des risques, toutes les femmes devraient accoucher dans une structure de santé ayant un agent qualifié. Pour les femmes guéries de fistule, la césarienne est le premier choix pour éviter la récidive « , a-t-il conseillé.

Le directeur régional a confirmé que la prévalence de la fistule est en augmentation dans des pays africains, asiatiques et latino-américains en raison du manque de professionnels de la santé. Néanmoins, il reste optimiste quant à la possibilité d’éradiquer la fistule d’ici 2030 en Afrique subsaharienne et a mis en garde contre la nécessité pour les femmes enceintes d’accoucher dans des établissements de santé dotés de personnel médical qualifié, en évitant des pratiques obstétriques dangereuses pendant la grossesse et en surveillant attentivement le processus d’accouchement.

IntraHealth International reconnaît le potentiel de REMAPSEN et de ses journalistes pour contribuer à une sensibilisation accrue en faveur de la santé des femmes et des enfants, et surtout pour garantir une quantité et une qualité supérieures d’informations sur ce sujet. « Il est essentiel que les médias abordent cette question de manière appropriée. Ils doivent mettre en lumière les lieux où les accouchements doivent avoir lieu. Accoucher à domicile comporte des risques. Il est primordial que chaque femme, ainsi que son mari d’en être conscient. Les lois contre le mariage précoce doivent être strictement appliquées. La presse, y compris REMAPSEN, peut contribuer à diffuser ces informations cruciales« , a-t-il souligné.

Roméo Agonmadami

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