Le dernier Rapport sur le climat et le développement (CCDR) du Bénin, élaboré par le groupe de la Banque mondiale, met en lumière la situation précaire du pays face au changement climatique, malgré ses émissions de gaz à effet de serre parmi les plus basses au monde.
Avec seulement 0,05 % des émissions mondiales, le Bénin se positionne comme l’un des pays les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement planétaire.
Selon les projections du rapport, dans un scénario de réchauffement climatique de 2,7 °C, près de 98 % du territoire béninois pourrait être exposé à des températures extrêmes d’ici 2070. Cette menace pèse particulièrement sur un pays dont l’économie repose largement sur l’agriculture et l’emploi informel, rendant sa trajectoire de développement encore plus vulnérable en l’absence de mesures d’adaptation appropriées.
Adoption d’un modèle de croissance résilient
Le rapport souligne la nécessité impérieuse d’adopter un modèle de croissance résilient, tant du côté de l’offre que de la demande de main-d’œuvre. Tous les secteurs, en particulier l’agriculture, l’utilisation des terres, les infrastructures urbaines et le développement humain, doivent renforcer leur résilience. Une attention particulière doit être portée à l’inclusion des femmes dans les processus de prise de décision pour assurer une approche holistique.
L’adaptation au changement climatique requiert des investissements significatifs, mais les avantages prévalent sur les coûts. Le Bénin devra mobiliser des ressources tant du secteur privé que des mécanismes de financement innovants pour mettre en œuvre des stratégies spécifiquement axées sur l’adaptation aux risques climatiques. Le rapport encourage également le pays à suivre l’exemple de la première obligation africaine en matière d’Objectifs de développement durable (ODD) déjà entreprise.
Investir davantage dans les énergies renouvelables
En ce qui concerne les efforts d’atténuation, le rapport souligne la nécessité d’éviter les « carbon-lock ins » et de réduire la déforestation. L’expansion de l’accès à l’électricité demeure une priorité, avec un appel à investir davantage dans les énergies renouvelables pour contribuer à cet objectif.
Pour réduire les émissions de carbone liées à l’utilisation des terres, le rapport insiste sur la nécessité de ralentir immédiatement les taux de déforestation, en travaillant vers un arrêt complet à long terme. Cela nécessitera des investissements continus dans la gestion durable des forêts, soulignant ainsi l’importance de préserver les écosystèmes naturels du pays.
Le rapport met en garde contre la dépendance excessive aux combustibles fossiles et souligne l’importance d’une transition vers des énergies renouvelables pour atteindre les objectifs climatiques. Il souligne également les avantages co-latéraux, soulignant que l’investissement dans les énergies renouvelables peut générer des bénéfices dans des secteurs tels que l’agriculture, l’eau, le transport et la foresterie.
Le Bénin se trouve à un moment critique de son histoire, où une action immédiate est nécessaire pour relever les défis du changement climatique. La mise en place d’institutions et de structures de gouvernance adéquates sera cruciale pour assurer le succès des initiatives d’adaptation. La résilience des secteurs clés, en particulier l’agriculture, les infrastructures urbaines et le développement humain, doit être une priorité. En se concentrant sur la construction d’une économie résiliente, le Bénin peut non seulement se prémunir contre les impacts du changement climatique, mais aussi ouvrir la voie à un développement durable et inclusif, en accordant une attention particulière aux populations les plus vulnérables.
Roméo Agonmadami