Claude Katchedji, premier adjoint au maire de Lalo, est encore sous le choc : « c’était un bon matin que les cris d’alerte nous sont parvenus de part et d’autre. On pensait que c’était de la blague. Au fil des heures, on a été tous témoins des dégâts qui n’ont pas été des moindres. Les cultures ont été emportées y compris les habitations. Au champ comme à la maison, nos paisibles populations ne se trouvaient plus pratiquement. Autorités communales que nous sommes, nous étions tous abattus. »
Le regard dans le vide devant l’objectif de la caméra, dame Eugénie Donou, mariée et mère de six enfants, résidant dans l’arrondissement de Ahomadégbé, ne peut oublier cette triste journée du 26 juin 2024. « Les inondations ont détruit nos habitations et emporté tous nos animaux domestiques, nos nattes, les ustensiles de cuisine, du maïs, du haricot, du riz, les cahiers de nos enfants. Tout était parti, il ne nous restait plus rien », se rappelle-t-elle pêle-mêle.
« A cet instant, nous avions perdu l’espoir, le goût de la vie, ne sachant plus où aller, quoi faire, nos activités champêtres qui étaient notre espoir sont parties à l’eau. C’était pénible », insiste, attristée, cette mère. Comme elle, 3 678 autres personnes ont été affectées par le débordement de la rivière du Couffo de son lit suite aux inondations de juin 2024. A Tchito, un autre arrondissement de la commune de Lalo, Achille Adangnadé se remémore : « cela n’a pas été facile. Les inondations ont emporté nos animaux, nos nourritures et les habitations. » Si chaque ménage a pu se retirer des eaux, il ne restait plus que comment se réintégrer dans la société et reprendre le cours normal de la vie.
Achille Adangnadé, un sinistré
C’est ainsi qu’« il a fallu, rappelle le représentant du maire, des appels de part et d’autre pour qu’on soit assisté. Mais au nombre des partenaires que nous avons vus dans les premières heures, la CRB faisait partie des tout premiers avec des appuis pas des moindres. »
L’espoir d’une nouvelle vie !
Au total, près de 2 482 maisons ont été endommagées, 3 781 hectares de pertes agricoles détruites, et environ 4 196 têtes de bétails et de volailles englouties dans les inondations. Ce sont plus de 615 ménages qui ont été contraints à l’incertitude d’un lendemain meilleur des six arrondissements des onze que compte le département de Lalo à savoir : Adoukandji, Ahomadégbé, Gnizounmè, Tchito, Tohou et Zalli.
Dame Eugénie Donou a le cœur rempli de joie : « la Croix-Rouge Béninoise nous a redonné le sourire. Elle est venue nous faire des dons pour nous apaiser. De toute ma vie, je n’ai jamais vu autant de générosité de la part d’une organisation. Ils nous ont donné des nattes, des moustiquaires, du riz, des savons, du maïs. »
Eugénie Donou, une sinistrée
Pour le chef de l’arrondissement de Tohou, Perin Djegbe, la CRB est venue à un moment où toute la population de Tohou avait le dos au mur et ne savait à quel saint se vouer. Cette intervention a permis de soulager la population qui était désemparée et avait tout perdu. « C’est une gigantesque dotation que la CRB nous a envoyée, apprécie-t-il. La CRB a changé le comportement des sinistrés parce qu’au départ, ils ne savaient où donner de la tête. Ils ont trouvé du soulagement. Au début, ils n’avaient pas eu des moyens pour scolariser leurs enfants. Aujourd’hui, ils ont le minimum pour subvenir à leurs besoins. »
En effet, le projet DREF de la Croix-Rouge Béninoise a pu être mis en œuvre grâce à l’appui de son partenaire, la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) qui a mobilisé 152 millions de francs Cfa pour reloger les populations, subvenir à leurs besoins alimentaires et logistique ; et réhabiliter les habitations déjà détruites. D’après le Président de la CRB, Mathias Agoligan Avoha, l’organisation a apporté une assistance en kits non alimentaires (aquatabs, moustiquaires) et des kits d’assainissement au lendemain de la crise.
Elle a effectué la distribution de kits d’hygiène, de matériels d’accès à l’eau potable et de traitement par la distribution des comprimés d’aquatabs. Il y a par ailleurs eu des actions de sensibilisation à la prévention des maladies, des formations en gestes de premiers secours et sur les pratiques familiales essentielles, des consultations médicales, la construction et la réfection d’abris et l’appui psychologique.
« Je voudrais remercier les équipes de la Croix-Rouge Béninoise et prier que Dieu les garde. Nous n’allons pas souhaiter qu’il y ait des inondations mais tel qu’ils l’ont fait, que Dieu les soutienne afin de pouvoir nous venir aide plus souvent pour que nous vivions en paix », conclut dame Eugénie Donou.
