Digitalisation des services de santé relatifs aux MTN : une alternative pour une prise en charge efficace au Bénin

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les maladies tropicales négligées (MTN) constituent un groupe diversifié d’affections qui sévissent principalement dans les zones tropicales, où elles prolifèrent au sein des communautés pauvres.

Au Bénin, 25% des personnes porteuses de Maladies Tropicales Négligées (MTN), sont dépistées tardivement. Ce dépistage tardif conduit malheureusement à des cas graves, voire irréversibles. Cela complique la tâche aux autorités compétentes dans la lutte contre les MTN. « Le problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, c’est le dépistage tardif. 25% des personnes sont dépistées tardivement avec des infirmités irréversibles au niveau des mains, des yeux et des pieds », a affirmé Christian Johnson, directeur médical de la Fondation Raoul Follereau.

Il justifie ce constat par trois paramètres qui favorisent le dépistage tardif. « Nous sommes confrontés à la triple accessibilité. Accessibilité géographique, parce que les patients habitent souvent loin des services de santé. Accessibilité culturelle, parce que les patients pensent que la maladie est due à des envoûtements ou à la sorcellerie plutôt qu’à une cause médicale. Accessibilité économique, parce que la prise en charge est coûteuse », a confié le professeur.

Pour briser ce cercle vicieux qui menace la lutte efficace contre les MTN, la digitalisation des services de santé relatifs aux MTN est envisagée.

Lutter efficacement contre les MTN

La lutte contre les maladies tropicales négligées, notamment la lèpre et l’ulcère de Buruli, connaît une avancée notable au Bénin grâce à l’intégration de solutions numériques. En effet, les responsables du Programme national de lutte contre la lèpre et l’ulcère de Buruli (PNLLUB) travaillent actuellement à la mise en place d’un système de surveillance et de prise en charge numérique pour améliorer l’accès aux soins et lutter efficacement contre ces maladies au Bénin.

L’outil numérique DHS2 sera notamment déployé pour collecter et analyser les données relatives aux MTN. Selon professeur Christian Johnson, un projet de télédermatologie est en cours. Il vise à créer un réseau numérique permettant d’assister les professionnels de santé dans le diagnostic et la prise en charge des patients, même dans les zones les plus reculées.

Nous avons « un projet de télédermatologie qui consistera à mettre en place un réseau numérisé d’assistance au diagnostic et à la prise en charge entre le niveau central et le niveau périphérique. Mais ce processus vient d’être lancé. Nous venons d’avoir l’autorisation éthique pour développer ce programme de recherche et nous attendons de le mettre en œuvre pour pouvoir tirer la conclusion », a confirmé professeur Christian Johnson.

Grâce à la digitalisation des services de santé relatifs aux MTN pour la prise en charge des cas dans le cadre du Programme national de lutte contre la lèpre et l’ulcère de Buluri, les patients vivant loin des centres de santé pourront envoyer des photos de leurs lésions via téléphone portable pour un diagnostic rapide. Elle permettra également de sensibiliser les populations et déconstruire les croyances liées aux causes mystiques de ces maladies.

A cela s’ajoute l’optimisation des ressources tout en réduisant les coûts liés aux déplacements et aux consultations spécialisées. Il est à noter que la phase pilote du projet sera lancée dans les départements du Zou, de l’Ouémé et du Plateau, avec des équipes déjà déployées sur le terrain pour les étapes préliminaires.

La protection des données des patients

Avec la digitalisation des services de santé relatifs aux MTN, la protection des données des patients reste un enjeu majeur. En effet, les informations médicales sont sensibles et nécessitent des mesures spécifiques pour garantir leur sécurité et préserver la confidentialité des patients.

Ainsi, pour une protection efficace des données des patients, Mariannick Ouendo, responsable du service conformité de l’Autorité de protection des données personnelles (APDP) suggère des pratiques rigoureuses telles que l’authentification à deux facteurs, le chiffrement des données sensibles et la limitation des accès aux seules personnes habilitées. De plus, la mise en place de sauvegardes régulières et la sensibilisation continue du personnel médical sont indispensables.

Elle fait également mention du respect des dispositions légales, notamment les articles 425 et 426 du Code du numérique, qui est également crucial. Ces articles prévoient respectivement que « le traitement des données à caractère personnel est confidentiel. Il est effectué exclusivement par des personnes qui agissent sous l’autorité du responsable du traitement et seulement sur ses instructions, sauf en vertu d’obligations légales contraires. »

Et « afin de garantir la sécurité des données à caractère personnel, le responsable du traitement et/ou son sous-traitant doivent mettre en œuvre les mesures techniques et d’organisation appropriées pour protéger les données à caractère personnel contre la destruction accidentelle ou illicite, la perte accidentelle, l’altération, la diffusion ou l’accès non autorisés, l’interception notamment lorsque le traitement comporte des transmissions de données dans un réseau, ainsi que contre toute autre forme de traitement illicite. »

Ces réglementations imposent des principes de transparence, de minimisation et de proportionnalité dans la collecte et la gestion des données.

Partenariat public-privé pour une lutte durable

La lutte contre les MTN au Bénin bénéficie d’un cofinancement du gouvernement, par le biais du ministère de la Santé, et des partenaires internationaux tels que la Fondation Raoul Follereau. Cette collaboration vise à pérenniser les initiatives et à renforcer l’efficacité des actions de prévention et de traitement.

La digitalisation des services de santé s’impose ainsi comme une solution prometteuse pour améliorer le diagnostic précoce, limiter les complications et offrir une meilleure qualité de vie aux patients touchés par les MTN au Bénin. Avec une telle dynamique en marche, les mois à venir seront décisifs pour évaluer les premiers résultats et ajuster, si nécessaire, les stratégies mises en œuvre.

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