C’est à la faveur d’une séance d’information des députés sur l’état des lieux de l’infection à VIH au Bénin, que la Directrice pays ONUSIDA Togo – Bénin, Yayé Kanny Diallo, a adressé un message poignant aux honorables députés de la 9è législature de l’Assemblée nationale sur leur rôle dans la lutte contre le VIH SIDA au Bénin. Plusieurs lois dont deux principales servaient jusque-là de cadre pour la définition et la mise en œuvre des stratégies de riposte contre la pandémie du VIH/SIDA : la loi n°2005-31 portant prévention, prise en charge, et contrôle du VIH/SIDA en République du Bénin et la loi n° 2021-11 portant dispositions spéciales de répression des infractions commises à raison du sexe et de protection de la femme et toutes celles visant la promotion du genre.
Même si elles ont favorisé l’obtention de résultats encourageants dans la lutte, les défis contemporains entravent un tant soit peu, l’efficacité de la lutte pour l’atteinte des objectifs à l’horizon 2030. A Grand-Popo du 30 juin au 1er juillet, les membres des commissions permanentes et les responsables administratifs du parlement ont été entre autres briefés sur les enjeux actuels du VIH et les contours de l’avant-projet de loi actualisée sur le VIH. Ce 15 juillet, il est question d’informer les députés sur le VIH et l’avant-projet de loi.
« Le Bénin, à l’instar de nombreux pays de la région, est confronté à une dynamique épidémiologique spécifique, marquée par une prévalence concentrée au sein de certaines populations clés. Face à cela, des progrès notables ont été réalisés dans la prévention, la prise en charge et l’accès au traitement », reconnaît Yayé Kanny Diallo avant d’avouer que « la persistance de la stigmatisation, des violences basées sur le genre et d’actes discriminatoires entrave encore l’accès équitable aux services. » Ainsi, la révision de la loi VIH doit être une priorité pour construire un environnement favorable à une riposte efficace et inclusive.
« 6 millions de nouvelles infections et 4 millions de décès additionnels »
Ce que l’ONUSIDA attend des députés, c’est un engagement politique et moral pour la dignité de la santé des citoyens. Des défis actuels sont consignés dans le rapport 2025 de l’ONUSIDA publié le 10 juillet. Il rapporte une crise historique du financement du VIH. Ainsi, plus de 60% des organisations communautaires dirigées par des femmes ont perdu leur financement ou suspendu leurs activités au niveau mondial.
En effet, depuis mercredi 26 février, l’administration Trump a annoncé, tailler massivement dans l’aide internationale américaine, notamment par la suppression de 92 % des financements de programmes à l’étranger par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid). Une situation inédite qui affecte considérablement des secteurs prioritaires comme la santé. D’après Yayé Kanny Diallo, « si les financements américains venaient à s’effondrer totalement, jusqu’à 6 millions de nouvelles infections et 4 millions de décès additionnels liés au SIDA pourraient survenir en 2025 et 2029. »
Elle mentionne l’atteinte des cibles 95-95-95 dans sept pays africains à savoir : le Botswana, l’Eswatini, le Lesotho, la Namibie, le Rwanda, la Zambie et le Zimbabwe. Ainsi, 95% des PVVIH connaissent leur statut sérologique, 95% des PVVIH qui connaissent leur statut VIH sont sous traitement ARV et 95% des PVVIH sous traitement ARV ont une charge virale indétectable.
« Nous comptons sur vous, élus du peuple, pour porter cette loi, mais aussi pour relayer, au sein de vos circonscriptions, les messages de prévention, de non-discrimination et de solidarité envers les personnes vivant avec le VIH », dira la Directrice ONUSIDA Togo – Bénin avant de rassurer : « l’ONUSIDA, malgré le changement de configuration, restera un partenaire fidèle du Bénin et continuera d’appuyer techniquement et stratégiquement la réponse nationale; aux côtés du gouvernement, de la société civile et des autres partenaires. »