Regard dans le vide, l’air triste, soupir soudain, et quelques balbutiements… dame Pélagie Minkoui Manvo n’est pas prête d’oublier le souvenir de l’affreuse nuit du 10 au 11 mars. Les images sont encore vivaces dans son esprit : « à l’improviste, le vent a occasionné de nombreux dégâts dans notre localité à Akiza. Il a décoiffé plusieurs maisons. La pluie tombait dans nos chambres. Certains erraient dehors avec leurs enfants. D’autres sont obligés de cohabiter avec les voisins. C’était pénible et insoutenable. »
En effet, la nuit du 10 au 11 mars 2025 a été cauchemardesque pour les populations de Zogbodomey. Un violent orage accompagné de fortes rafales de vent et des précipitations s’est abattu sur la commune, occasionnant d’importants dégâts matériels et affectant de nombreuses familles. Des habitations dans les arrondissements d’Akiza, Kpokissa et Tanwe-Hessou ont été effondrés ou partiellement détruites. Au total, 1 368 personnes pour environ 228 ménages affectés.
La catastrophe a également arraché les toitures du commissariat de l’arrondissement, l’école primaire publique et le marché de Kpokissa. Suite à l’appel à l’aide de la mairie de Zogbdomey, une évaluation des dégâts a permis de recenser 211 habitations dans trois arrondissements à savoir : Akiza, Tanwe-Hessou et Kpokissa et 11 villages : Akiza, Dénou, Djihizidê, Guémè, Ahounandjitomè, Dehounta, Dogo, Kpokissa, Agadjaligbo,Tanwe, Zinga) ayant été affectés pour 131 habitations partiellement endommagées, 80 complètement détruites et 25 dont les murs se sont effondrés.
D’après le bilan de la Croix-Rouge Béninoise, « parmi les 1 368 personnes touchées par cette catastrophe, on dénombre 8 personnes en situation de handicap, 37 femmes enceintes et 129 enfants de moins de cinq ans. » En réponse, la CRB a mobilisé son partenaire, la Fédération des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) pour apporter son soutien aux populations.
Apprentissage et capitalisation
« Nous avons déployé l’équipement vers les différentes localités et acheté le bois surplace à Zogbodomey pour reconstruire les différents abris. Certaines communautés ont elles-mêmes coupé leurs propres bois parce qu’elles en possédaient assez. Au lieu de 211 abris prévus, nous en avons finalement réalisé au total 218 parce qu’il y a eu d’autres dégâts qu’on a dû inclure dans l’opération. L’appui est évalué à près de 40 millions de francs Cfa », précise Orens Eustache Houdegbe, Coordonnateur du département des secours et catastrophes de la CRB.
Après cette étape, la CRB a organisé le lundi 30 juin à la mairie de Zogbodomey, un atelier de leçons apprises pour évaluer les points de réussite et les défis à surmonter. A l’ouverture de la séance, le maire de la commune de Zogbodomey, David Zinsou Towèdjè, dira : « il me manque de mots, parce que je suis dépassé de joie au point où je me souhaite des partenaires comme vous, à cause de votre promptitude dans l’action. »
A en croire le représentant de l’IFRC, Dodzi Adaha, à chaque fois qu’il sera nécessaire, l’IFRC sera résolument engagée aux côtés de la CRB pour assister les communautés les plus vulnérables et apporter les réponses les plus urgentes et idoines aux communautés en difficulté. « C’est un atelier d’apprentissage et de capitalisation. Je voudrais souhaiter que les recommandations qui sortiront de cet atelier puissent être prises en compte dans les plans d’intervention futures, tant au niveau de la commune qu’au niveau de chaque localité », a souhaité Dodzi Adaha.
« La redevabilité doit être de mise »
Dans son intervention, le Président de la CRB, Mathias Avoha Agoligan, est revenu sur la nature de l’assistance apportée aux populations affectées. Il a cité : « l’achat de bois pour la construction des abris, la formation de 30 volontaires et artisans locaux, l’appui aux 212 ménages pour la reconstruction, la formation des volontaires sur la protection, genre et inclusion et la prévention de l’exploitation et des abus sexuels., la sensibilisation communautaire sur les violences sexuelles basées sur le genre et la PAS ; et la formation de 30 volontaires sur la CEA et l’organisation de réunions communautaires pour la collecte de feedback. »
Il se réjouit de l’atteinte des résultats suite à ces actions. Cependant, précise-t-il : « Il est nécessaire de noter que dans toutes les interventions, la redevabilité soit de mise. C’est justement à cet exercice que nous sommes conviés ce matin. L’objectif de cet atelier est de faire le point des interventions menées, d’en tirer des leçons et de faire des recommandations pour le futur. Je nous invite donc à partager aussi bien les réalités vécues, l’histoire de réussite, mais aussi et surtout les difficultés et les points à améliorer pour les futures interventions. »
Après la phase protocolaire, les échanges ont tourné autour des succès et des défis à relever lors de prochaines opérations. Ayant conduit ces échanges, Orens Eustache Houdegbe, Coordonnateur du département des secours et catastrophes de la CRB a fait une synthèse : « C’est avec une grande satisfaction que les bénéficiaires ont reçu cette assistance et souhaitent que l’accompagnement se poursuive. Il y a ensuite eu des doléances par rapport à la disponibilité de l’eau potable dans les villages où nous avons travaillé. Les questions liées aux semences et au changement climatique qui affectent pratiquement tout le monde ont également été abordées. »
Quant aux prochaines étapes, un plaidoyer sera adressé aux autorités nationales pour la poursuite de l’accompagnement aux communautés affectées. Par ailleurs, avec l’Agence béninoise de protection civile (ABPC) et Météo Bénin, des informations seront collectées pour préparer les communautés à faire face à ces situations de vents violents et anticiper les dégâts à l’avenir.
