Vers la valorisation des matériaux locaux de construction au Bénin

L’utilisation des matériaux locaux de construction est une question peu abordée. Le think thank Bénin du futur a organisé à…

L’utilisation des matériaux locaux de construction est une question peu abordée. Le think thank Bénin du futur a organisé à cet effet dimanche 20 septembre 2020, un webinaire qui a réuni plusieurs personnalités des domaines de l’architecture, du génie civil, des énergies renouvelables et Eco-Constructions.

Les matériaux locaux de construction sont classés en trois grandes catégories : les matériaux minéraux, végétaux et animaux. Leur utilisation a un apport économique, esthétique et écologique dans les différentes constructions au Bénin. Victor Ananouh directeur national de l’habitat et de la construction précise : « il faut une bonne maitrise des caractéristiques physico-mécanique, chimique et parfois thermique des matériaux de construction locaux pour profiter de tous leurs apports ». Une exigence qui repousse plus d’un.

Quant aux matériaux de construction importés, Victor Ananouh explique qu’ils ne correspondent toujours pas aux différentes réalités, surtout climatiques du Bénin. Sur-place, plusieurs matériaux ont été développés grâce à des recherches et l’ingénieur reste le meilleur communicateur pour l’exploitation des matériaux locaux de construction. D’après Victor Gbaguidi président de l’Ordre des ingénieurs civils du Bénin et de l’ECCO-GC, l’ingénieur est l’éclaireur pour la vulgarisation et la bonne mise en œuvre de ces matériaux locaux de construction.

L’éco-construction

A base des tiges de bananier, Dr Sibiath Osseni, experte en énergies renouvelables et éco-constructions a réalisé des expériences pour réduire la conductivité thermique dans les constructions au Bénin. Ses travaux consistaient à améliorer le transfert de la chaleur au niveau des parois. « Nous sommes partis de la composition la plus utilisée qui est le mélange du ciment et du sable. Au début, on a commencé à explorer les fibres de coco qui ont donné de bons résultats en termes de la conductivité thermique. Mais pour les grands ouvrages, il n’est pas évident d’avoir une grande quantité de fibre de coco. Nous avons donc poursuivi les recherches avec les fibres des tiges de bananiers », explique Sibiath Osseni.

Elle poursuit : « l’objectif était de substituer à la fois la quantité de ciment et de sable utilisé. Dans un premier temps, nous avons fait la caractérisation thermique en faisant varier la proportion de fibres de 1 à 4 pour cent. Nous avons donc remarqué que cette méthode nous permet de réduire la conductivité thermique de deux tiers (2/3). Nous sommes ensuite passés à la caractérisation mécanique. Les résultats nous ont révélés que ces mortiers fibrés nous servent d’élément de remplissage dans la construction. » Aussi, l’experte des énergies renouvelable a-t-elle souligné que bien que le ciment soit produit localement, sa réduction dans les composites va permettre de protéger l’environnement. Car le ciment est à la base des émissions à effet de serre.

En 2005 au Bénin, le gouvernement a adopté le décret 2005-482 du 04 août 2005 portant utilisation des matériaux locaux dans la construction publique. Selon l’article 2 de ce décret, la conception et la réalisation de toute infrastructure socio-communautaire (école, centre de santé, terrain de sport, etc.) ; de tout logement social, de tout bâtiment des services publics doit justifier de l’utilisation d’au moins à 25 pour cent de leurs valeurs, de matériaux locaux ou de matériaux produits sous licence béninoise.

Rizikatou Alekoudou

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