Après les étapes de cadrage thématique et méthodologique, de consultations nationales et de formulation des questions de recherche, l’initiative de formulation des cent questions de recherche actuelles et critiques sur la sécurité alimentaire et la nutrition (SAN) au Bénin est à sa phase de priorisation. Cette dernière a fait l’objet d’un atelier ayant mobilisé une trentaine de chercheurs, d’universitaires, d’acteurs de la société civile et de membres du comité technique de l’initiative ce mardi 11 octobre à Abomey-Calavi, au Bénin.
Lancée en décembre 2021, l’initiative de formulation des cent questions de recherche actuelles et critiques sur la SAN au Bénin émane de l’ONG ACED. Elle est pilotée en collaboration avec le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique du Bénin. Objectif : produire des données probantes actualisées et fiables pour informer et orienter les interventions des décideurs politiques et les actions des acteurs de la société.
En effet, au Bénin, la sécurité alimentaire et la nutrition sont des sujets majeurs de développement. Cependant, à l’instar des autres pays du monde, ils sont confrontés à des situations d’ordre environnemental, sanitaire, sécuritaire, politique ou géopolitique. Or, ce secteur nécessite des investissements conséquents pour assurer non seulement l’autosuffisance alimentaire des populations, mais aussi leur bonne santé et le développement durable du pays. Prioriser des questions de recherche permettra donc aux politiques de mobilier des ressources au profit des problématiques les plus urgentes.
« L’approche adoptée par ACED est bonne. Car, elle a permis d’impliquer les acteurs à divers niveaux dans le processus en cours », apprécie Dahouè Joukov, chargé de programmes à la Plateforme nationale des organisations paysannes et de producteurs agricoles du Bénin (PNOPPA-Bénin). Parmi ceux-ci, Jelila Blalogoé, représentante de Holland Greentech Bénin estime qu’« on aura assez de données. A l’avenir, les recherches seront plus orientées et permettront au gouvernement de mieux prendre des décisions. Quant aux orientations, il s’agit de s’assurer de la qualité des productions et qu’un suivi soit fait depuis le champ jusqu’à la table du consommateur final. »
Agenda de recherche sur la SAN
Cet atelier vise deux objectifs principaux : prioriser les questions de recherche obtenues à l’issue des consultations nationales et établir la liste des 100 questions recherche critiques et actuelles de la SAN au Bénin. Quatre différents groupes ont travaillé sur les sous-thèmes : systèmes d’approvisionnement alimentaire, environnement alimentaire, comportement des consommateurs et état nutritionnel, commerce et investissement dans la SAN ; et enfin, environnement politique et institutionnel. A l’issue de leurs travaux, ils ont priorisé des questions qui ont été débattues et renchéries en plénière.
« L’opération vise à aboutir à des réponses concrètes et des données factuelles qui peuvent orienter la planification et l’action publique en matière de SAN, réitère Professeur Roch Mongbo, président du comité technique. Au niveau du comité technique de l’ONG ACED, nous allons récupérer les questions priorisées et voir dans quelle mesure elles s’alignent avec les axes majeurs que nous considérons au plan de la conceptualisation théorique de la SAN. » L’initiatives des 100 questions critiques et de recherche ambitionne surtout de soutenir l’agenda béninois en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Loin de feindre l’inaction du gouvernement, elle s’inscrit dans la démarche d’aider le pouvoir exécutif à faire face aux « nouvelles configurations qui se mettent en place. »
« Après cet atelier, précise Kisito Gandji, chargé de recherche et de politiques à ACED, nous allons travailler sur les résultats de la priorisation pour faire ressortir les 100 questions prioritaires suivant les champs thématiques. Les questions qui auront été retenues seront consignées dans un agenda de recherche qui sera présenté au cours de notre forum annuel qui aura lieu en décembre 2022. Il fera l’objet d’un lancement officiel. »
Mais tout au long du processus, l’ONG ACED mène des actions de plaidoyer auprès des différentes parties prenantes de la sécurité alimentaire et de la nutrition au Bénin « pour obtenir leur appui. » Le ministère de la santé, le ministre de l’industrie et du commerce, les institutions de recherche et la société civile sont tous impliqués. Ce plaidoyer va se poursuivre et se renforcer après le lancement de l’agenda.
Michaël Tchokpodo