Renforcer l’engagement du secteur privé pour éliminer les maladies les plus meurtrières

En dépit d’énormes difficultés économiques, les pays et les donateurs internationaux restent déterminés à investir dans la lutte contre les…

Yacine Djibo, Directrice exécutive de Speak Up Africa

En dépit d’énormes difficultés économiques, les pays et les donateurs internationaux restent déterminés à investir dans la lutte contre les maladies les plus meurtrières au monde, à savoir le VIH, la tuberculose et le paludisme, comme l’a révélé la Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial le mois dernier. 

Au cours des 20 dernières années, le Fonds mondial, une organisation internationale de financement et de partenariat, a investi plus de 55,4 milliards de dollars US, sauvant ainsi 50 millions de vies et réduisant de plus de 50% le taux de mortalité lié au VIH, à la tuberculose et au paludisme dans les pays dans lesquels il opère.

Quarante-cinq-pays, dont dix-huit pays africains, ont pris des engagements financiers s’élevant à un montant record de 14,25 milliards de dollars pour son prochain cycle de financement (2023-2025). La reconstitution des ressources a également permis de recueillir plus de fonds auprès de donateurs privés et ce, pour un montant record de 1,23 milliard de dollars US.

Cependant, nous sommes face à une réalité : alors que les donateurs et les bailleurs de fonds se sont engagés à verser plus de fonds que précédemment, le fait de ne pas atteindre l’objectif de 18 milliards de dollars pourrait mettre en péril plus de 20 ans d’avancées durement acquises dans l’élimination des maladies les plus meurtrières de notre époque. Mais il y a encore de l’espoir, les gouvernements qui n’ont pas encore pris d’engagement ont encore la possibilité de le faire – nous appelons les dirigeants mondiaux à engager des ressources pour sauver 20 millions de vies du VIH, de la tuberculose et du paludisme en atteignant l’objectif de 18 milliards de dollars.

En outre, nous devons nous pencher sur les ressources inexploitées dont nous disposons déjà et sur la manière dont nous pouvons aller plus loin dans nos engagements et nos partenariats. Le secteur privé a un intérêt considérable dans la santé mondiale. Comme nous ne l’avons que trop bien appris avec la pandémie de COVID, une main-d’œuvre en bonne santé conduit à une économie plus saine et le secteur privé a un intérêt direct dans les résultats issus des politiques de santé mondiale. D’un point de vue macroéconomique, l’investissement d’une entreprise dans le bien-être de ses consommateurs a des retombées positives à long terme sur son développement économique et ce, grâce à la création de nouveaux marchés et à la disponibilité de ressources humaines supplémentaires. À lui seul, le paludisme ferait perdre à l’Afrique 4,3 milliards de jours de travail et 1,5 milliard de jours d’école, et coûterait au continent environ 12 milliards de dollars par an.  

L’engagement du secteur privé n’est pas nouveau. Le secteur privé joue déjà un rôle important dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et, face à la diminution des ressources publiques, nous devons nous concentrer sur la manière dont nous rationalisons et optimisons ces partenariats.

Par exemple, l’initiative « Zéro Palu ! Les Entreprises s’engagent » mobilise les entreprises du secteur privé dans la lutte contre le paludisme en Afrique et vise son élimination sur le continent. À ce jour, l’initiative est opérationnelle au Bénin, au Burkina Faso, au Sénégal et en Ouganda, avec 37 entreprises locales engagées. Ecobank, partenaire du secteur privé, relève le défi avec la ferme conviction que la lutte contre le paludisme est la responsabilité de toute la société, et s’engage donc à être à l’avant-garde du développement de solutions de financement innovantes et durables. 

Un autre exemple de partenariat public-privé est l’initiative « Voix EssentiELLES », un partenariat avec le Fonds mondial, la Fondation CHANEL et Speak Up Africa qui vise à fournir un soutien financier et technique pour stimuler l’impact des politiques et programmes de santé en Afrique de l’Ouest et ce, en assurant l’engagement et l’inclusion des femmes et des filles dans toute leur diversité dans les espaces de décision. 

Aujourd’hui, le Fonds mondial est leader dans l’établissement de partenariats novateurs et efficaces avec le secteur privé et dans l’accroissement des investissements du secteur privé, tout en veillant à ce que les organisations de la société civile et les communautés qu’elles représentent puissent prendre part aux discussions. Continuons à nous battre pour ce qui compte avec le secteur privé en stimulant son engagement dans la santé mondiale et en augmentant l’impact de ses investissements financiers et techniques dans le secteur.  

En tant qu’organisation , nous pouvons nous efforcer d’amener le secteur privé à participer à la discussion sur la santé mondiale au-delà des donateurs transactionnels. Pour ce faire, nous devons changer nos perspectives et nos perceptions du secteur privé, afin de le considérer comme un partenaire et une ressource pour l’échange de connaissances et la co-création, comme un moyen de débloquer l’innovation, de renforcer les systèmes de santé africains et d’assurer la santé pour tous.

Par Yacine Djibo, directrice exécutive, Speak Up Africa

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