Pionnière dans le secteur de la e-santé au Bénin, goMedical est une startup qui a pour vocation d’interconnecter les patients aux professionnels de la santé. Elle facilite notamment le parcours du patient dans le système de santé béninois. Son action s’oriente surtout vers les malades du paludisme, l’une des premières causes de consultation dans les hôpitaux au Bénin. Audrey Touré, pharmacienne et manager de la start up goMedical fait un tour d’horizon du sujet au micro de Miodjou.
Propos recueillis : Michaël Tchokpodo
Miodjou : Parlez-nous de goMedical, ses progrès, avantages et plus-value dans le secteur de la e-santé au Bénin ?
Audrey Touré : goMedical est la première plateforme e-santé créée au Bénin en 2017. Elle a pour mission de faciliter le parcours du patient dans le système de santé béninois en l’interconnectant avec les professionnels de santé (médecins, pharmaciens et autres professions paramédicales). Elle offre des services tels que : la recherche de professionnel de santé le plus proche pour consultation, la prise de rendez-vous et le paiement de consultation en ligne, la gestion et le partage de carnet de santé par les professionnels de santé, la consultation des listes des pharmacies de garde et la recherche du prix de médicaments dans les pharmacies.
Aujourd’hui, nous sommes en partenariat avec 90 cliniques dans trois villes du Bénin, au moins 10.000 téléchargements de l’application, 50 rendez-vous pris en moyenne par jour via l’application. En terme de plus value dans la e-santé au bénin, avec goMedical, c’est un gain de temps et une meilleure prise en charge de la patientèle, une meilleure productivité des agents de santé qui utilisent l’application pour gérer leur agenda professionnel, des informations de santé accessibles, sûres et fiables pour mieux s’orienter dans le système sanitaire et faire de bons choix santé.
Quels avantages présente le numérique dans la lutte contre le paludisme ?
Les campagnes de sensibilisation et d’éducation peuvent être menées de manière plus efficace grâce aux médias sociaux, aux blogs santé, aux applications e-santé. Ces plateformes peuvent être des moyens pour diffuser des informations sur la prévention du paludisme. Par exemple, aujourd’hui via le blog goMedical, vous avez des articles rédigés par des professionnels de santé sur le paludisme et les informations clés à avoir sur sa prévention.
Cette application facilite l’accès aux médicaments en interconnectant les patients et les pharmacies.
Des outils numériques innovants, comme les tests de diagnostic rapides basés sur la technologie mobile et les applications d’intelligence artificielle, peuvent aider à diagnostiquer le paludisme de manière rapide et précise, même dans les zones reculées où l’accès aux services de santé est limité.
Pour finir, une application comme goMedical permet à une personne qui ressent les symptômes de paludisme d’entrer rapidement en contact avec un professionnel de santé et d’avoir une prise en charge complète. De plus, cette application facilite l’accès aux médicaments en interconnectant les patients et les pharmacies (liste des pharmacies les plus proches, contact, assurances prises, prix du médicament).
Lire : Bénin : le numérique, un outil pour accélérer l’éradication du paludisme à l’horizon 2030
Malgré ses fâcheuses conséquences, aucune initiative numérique locale (startups, applications) ne se focalise en particulier sur le paludisme. Que fait goMedical dans ce sens ?
goMedical est une start-up qui œuvre à faciliter l’accès aux soins de santé des communautés. Nos différents services, notamment la mise en relation patients et professionnels de santé permet aux patients d’être très tôt pris en charge, peu importe le mal dont il souffre. De plus, nous organisons fréquemment des campagnes de sensibilisation et de dépistage avec nos cliniques partenaires sur plusieurs sujets de santé dont le paludisme.
Quelle est la place du numérique (healthtech) dans les interventions de lutte contre le paludisme ? Quid de la donnée et des innovations ?
L’innovation numérique et la gestion de la donnée ont toute leurs places dans les interventions de lutte contre le paludisme. Les systèmes de surveillance épidémiologique basés sur le numérique permettent de collecter, d’analyser et de partager rapidement des données sur les cas de paludisme. Cela aide les autorités de santé à surveiller les tendances de la maladie, à identifier les foyers d’infection et à prendre des mesures préventives appropriées.
L’innovation numérique et la gestion de la donnée ont toute leurs places dans les interventions de lutte contre le paludisme.
Un autre exemple, les systèmes de gestion des stocks basés sur le numérique permettent de suivre les niveaux de médicaments antipaludiques et de les distribuer efficacement là où ils sont nécessaires. Cela aide à éviter les pénuries et à garantir un accès continu aux médicaments vitaux.
Qu’est-ce qui limite des initiatives healthtech dans le domaine du paludisme au Bénin ? Et comment le gouvernement dans sa dynamique de soutenir l’écosystème numérique local peut aider dans ce sens ?
Le financement est souvent un défi majeur pour les startups et les entreprises de santé numérique. Les ressources financières limitées peuvent entraver la recherche, le développement et la mise en œuvre d’innovations dans la lutte contre le paludisme. De plus, les professionnels de la santé, les décideurs politiques et des communautés locales peuvent ne pas être pleinement conscients des possibilités offertes par les technologies numériques dans le cadre de la lutte contre le paludisme.
Pour y remédier, il faut un cadre réglementaire clair, favorable et une volonté politique sont essentiels pour encourager le développement et l’adoption d’initiatives healthtech notamment dans la lutte contre le paludisme. Le gouvernement peut fournir des subventions ou d’autres formes de financement pour soutenir la recherche, le développement et la mise en œuvre d’initiatives healthtech dans la lutte contre le paludisme.
Quelles sont vos propositions pour la digitalisation des interventions de lutte contre le paludisme ?
Voici deux propositions pour la digitalisation des interventions de lutte contre le paludisme : la création d’une plateforme numérique avec des jeux éducatifs et des ressources en ligne pour sensibiliser les populations aux risques du paludisme, aux mesures de prévention et aux signes d’alerte. Cette plateforme pourrait également fournir des conseils sur les traitements disponibles.
Création d’une plateforme de recherche collaborative pour faciliter […] la recherche sur le paludisme.
Il y a aussi la création d’une plateforme de recherche collaborative pour faciliter la collaboration entre les chercheurs, les universités, les organisations non gouvernementales et les agences gouvernementales dans la recherche sur le paludisme. Cette plateforme pourrait permettre le partage de données, d’idées et de ressources pour accélérer les progrès dans la lutte contre la maladie.
Qui est Audrey Touré ?
Elle a étudié à la faculté des sciences de la santé( FSS), option Pharmacie. Ayant développée un intérêt pour le numérique et la technologie, elle s’est orientée vers la healtech avec pour objectif d’allier la technologie et le numérique à la santé pour contribuer à résoudre les problèmes de santé des communautés.