En revenant sur les résolutions prises à Nairobi, les intervenants ont rappelé l’importance de la santé des sols comme fondement pour un secteur agricole durable. Ce thème n’est pas nouveau : dès 2006, le premier sommet africain sur les engrais, tenu à Abuja sous l’impulsion de l’International Fertilizer Development Center (IFDC), a soulevé des inquiétudes sur l’appauvrissement des sols. Depuis, il a été recommandé aux agriculteurs d’utiliser au moins 50 kg d’engrais par hectare. Cependant, près de vingt ans après, moins de 10 % des producteurs appliquent cette mesure.
Selon Abalo Adodo, directeur Pays IFDC Bénin-Togo, « le sommet de Nairobi a été l’occasion de redéfinir les approches en matière de fertilisation et d’enrichissement des sols, en intégrant l’idée de la santé globale des sols ». L’Union africaine, soutenue par la CEDEAO, s’est engagée à promouvoir une gestion durable des sols, combinant les nutriments chimiques et organiques pour renforcer la résilience de l’agriculture africaine face aux défis environnementaux.
Santé des sols versus fertilisation : des concepts complémentaires mais distincts
Comme l’a souligné Ekwe Jean Dossa, directeur de la santé des sols et de la productivité agricole à l’IFDC, il est essentiel de distinguer « santé des sols » et « fertilisation ». Si la fertilisation consiste à fournir les nutriments nécessaires pour maintenir la productivité des sols, elle ne prend pas en compte d’autres aspects fondamentaux, tels que la durabilité et la préservation de l’environnement.
En revanche, la santé des sols vise une approche plus holistique, intégrant les composantes chimiques, physiques et biologiques des sols. Cette vision globale assure non seulement la production agricole à court terme mais aussi le maintien des services écosystémiques essentiels à long terme.
Les défis de la qualité des engrais
Pour Josias Toviho, team Leader increasing nutrient use efficiency-engrais, les enjeux de qualité des engrais constituent un frein majeur à la durabilité agricole. Il a évoqué plusieurs problèmes rencontrés par les agriculteurs, notamment la teneur en nutriments souvent inférieure à celle indiquée sur les emballages et des défauts de granulométrie qui rendent les engrais difficiles à appliquer. Il a aussi déploré l’absence de contrôle sur le poids des sacs d’engrais : des études menées au Bénin révèlent que 30 % des sacs de 50 kg sont en dessous du poids annoncé, une situation qui nuit directement aux producteurs.
Face à ces défis, IFDC met en œuvre des initiatives novatrices, notamment en utilisant les technologies de l’information pour renforcer le conseil agricole. En effet, IFDC a développé des plateformes numériques pour diffuser des recommandations sur les bonnes pratiques en matière d’utilisation des engrais et de gestion de la fertilité des sols. Ces outils permettent de surmonter les barrières linguistiques et géographiques, facilitant ainsi l’accès aux informations clés pour des milliers de producteurs à travers l’Afrique.