Sommet des dirigeants sur le climat : l’Afrique se situe au « point zéro » de la crise climatique

Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, et quarante chefs d’État et de gouvernements se sont…

Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, et quarante chefs d’État et de gouvernements se sont réunis jeudi lors du Sommet des dirigeants sur le climat. Les États-Unis, le Japon et le Canada ont annoncé à cette occasion d’ambitieux objectifs contre le réchauffement climatique afin de faire face à une situation de plus en plus critique.

Le président des États-Unis, Joe Biden, a annoncé(le lien est externe) que les États-Unis vont réduire de 50 % à 52 % leurs émissions de carbone par rapport aux niveaux de 2005 d’ici à 2030. Le Premier ministre du Japon, Yoshihide Suga, et son homologue du Canada, Justin Trudeau, ont relevé le seuil des objectifs de leur pays en le faisant passer à plus de 40 % pour la même période.

Ce sommet organisé en mode virtuel sur deux jours (22 et 23 avril) à l’initiative des États-Unis coïncide  avec la célébration ce jeudi de la Journée de la Terre. Il constitue une tribune de plaidoyer particulièrement pour  les pays en développement directement impactés par les catastrophes liées au changement climatique et la pandémie de Covid-19.

Le président Joe Biden a annoncé la multiplication par trois, d’ici à 2024, des financements publics des États-Unis destinés à la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. « Relever ce défi nécessite une mobilisation sans précédent des financements. Le secteur privé en a déjà pris conscience. Il sait que le changement climatique est plus qu’une menace. Il offre également les plus vastes opportunités de l’histoire en matière d’emploi, a dit le président Biden. Mais le secteur privé a encore davantage à faire et il doit le faire. Soyons clairs : le secteur privé ne peut pas relever tout seul ces défis, les gouvernements doivent s’impliquer et peuvent montrer la voie à suivre. »

Lors d’un panel intitulé : « Le financement d’un sprint décennal », le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, a expliqué en détail la nature du défi auquel est confronté le continent africain, au moment où la crise climatique s’aggrave et que la planète mène une course contre la montre afin de respecter l’échéance de 2030 fixée par les Nations unies sur les dix-sept Objectifs de développement durable.

« L’Afrique n’est pas au niveau « zéro émission de gaz à effet de serre »

L’Afrique est la région qui a le moins contribué à l’élévation des températures, mais elle subit les pires effets du changement climatique, sous la forme de sécheresses, d’inondations et de calamités comme la récente invasion de criquets en Afrique de l’Est. « Le continent perd entre 7 et 15 milliards de dollars américains par an à cause du changement climatique, et, selon le Fonds monétaire international, ce chiffre passera à 50 milliards de dollars par an d’ici à 2040, a affirmé Akinwumi A. Adesina. L’Afrique n’est pas au niveau « zéro émission de gaz à effet de serre », elle se situe au « point zéro » de ces émissions. Nous devons donc donner un coup de pouce à ce continent pour qu’il ait une chance de s’adapter à ce qu’il n’a pas provoqué. »

Akinwumi A. Adesina a également souligné le rôle central de la Banque africaine de développement dans la lutte contre le changement climatique sur le continent. Il a notamment précisé que la Banque africaine de développement va investir 25 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années dans le financement de la lutte contre le changement climatique. La Banque africaine de développement est la seule banque multilatérale de développement à atteindre et à dépasser une parité de 50% pour l’adaptation et la résilience au changement climatique, a affirmé Akinwumi A. Adesina. La part des financements de la Banque consacrés à la lutte contre le changement climatique est passée de 9% à 35% entre 2016 et 2019 pour atteindre 40% en 2021. En 2018, la Banque a consacré la moitié de son financement à la lutte contre le changement et l’adaptation climatiques, cette part est passée à 63% en 2020, ce qui constitue un record.

La Banque africaine de développement s’est récemment associée au Centre mondial pour l’adaptation pour lancer le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique qui vise à mobiliser 25 milliards de dollars pour l’adaptation au changement climatique d’ici à 2025. Cette initiative est soutenue par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, et la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen.

Plusieurs hauts dirigeants se sont exprimés avant ce panel. Il s’agit du président de la République démocratique du Congo et président en exercice de l’Union africaine, Félix Tshisekedi, de la Première ministre de la Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern, celui de la Jamaïque, Andrew Holness ainsi que le président du Conseil européen, Charles Michel. Des dirigeants d’institutions financières internationales se sont également exprimés parmi lesquels la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva et le président de la Banque mondiale, David Malpass.

Financement du changement climatique

Selon le président Félix Tshisekedi, dont le pays abrite le Bassin du Congo, l’un des poumons verts de la planète, et constitue aussi le principal fournisseur mondial de coltan, « il est primordial que ce sommet accélère la mobilisation d’importantes ressources financières additionnelles. Une telle opération nécessite également la simplification des procédures d’accès au financement pour les pays les moins avancés, dont la majorité se trouve en Afrique. »

Les participants ont également échangé sur les opérations visant à transférer des milliards de dollars d’investissements privés pour financer la transition vers un niveau zéro d’émission de carbone d’ici à 2050 comme convenu dans l’Accord de Paris en 2015. Les participants ont également abordé les engagements des pays riches à mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 afin de répondre aux besoins de financement sur le changement climatique des pays en développement.

David Malpass a déclaré que l’essentiel du plan d’action de la Banque mondiale, dont un résumé a été publié jeudi, était d’investir massivement pour obtenir des résultats probants. « C’est la voie à suivre et j’espère que d’autres la prendront », a-t-il déclaré.

Kristalina Georgieva, du Fonds monétaire international, a proposé une forte tarification du carbone et l’élimination progressive des subventions aux énergies fossiles. « Notre analyse, a-t-elle indiqué, montre que sans cela, nous n’atteindrons pas nos objectifs de décarbonisation pour combattre le réchauffement climatique. Elle montre également qu’une combinaison d’une tarification du carbone en augmentation régulière combinée à des investissements dans les infrastructures vertes peut  augmenter le PIB mondial de plus de 0,7% par an au cours des quinze prochaines années et créer des millions de nouveaux emplois bien rémunérés. »

BAD

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