Médecin et spécialiste en santé communautaire, Dr Gérès Ahognon occupe depuis 2019, le poste de Directeur Exécutif du Réseau EVA (Enfants et VIH en Afrique). Cette organisation œuvre à remettre les enfants comme première cible dans la prise en charge du VIH/SIDA.
Pourquoi le VIH pédiatrique est-il devenu une cible importante dans la lutte contre cette maladie en Afrique ? Interviewé par Miodjou, Dr Gérès Ahognon cite quelques chiffres qui soutiennent la prévalence du VIH pédiatrique en Afrique de l’ouest et du centre. Il évoque les statistiques 2021 de l’ONUSIDA qui font état de ce que, seulement 35% des enfants sont diagnostiqués pour le VIH, 35% mis sous traitement anti rétroviral et 27% en suppression de charge virale. A contrario, les chiffres concernant les adultes sur la même période indiquent respectivement 84%, 82% et 73%.
Cependant, malgré une diminution de 39% du nombre de nouvelles infections verticales au niveau mondial de 2010 à 2021, la région représentait encore plus d’un tiers (35%) des nouvelles infections à VIH chez les enfants en 2021. Et le taux de transmission verticale n’a diminué que de 30% à 21% en 2010, équivalent à 1 naissance sur 5 chez les femmes vivant avec le VIH.
« Toutes ces données épidémiologiques témoignent du grand gap entre les résultats pédiatriques et ceux des adultes, reconnaît Dr Gérès Ahognon qui pose le diagnostic : la lutte contre le VIH chez les enfants présente de nombreux défis. » En effet, cette problématique reste posée en raison du « faible investissement » dans le secteur et de la « spécificité des enfants face au virus. » A cela s’ajoute la difficulté qu’ont ces enfants à grandir et à vivre continuellement avec le VIH/SIDA.
Prise en charge du VIH pédiatrique en Afrique francophone
Pour éradiquer la maladie dès la première cible, le réseau pédiatrique EVA œuvre à remettre les enfants comme première cible dans la prise en charge du VIH/SIDA. En effet, « depuis 2021, le réseau dispose d’un plan stratégique intitulé « AGIR pour le SOIGNANT- le SOIGNE et la COMMUNAUTE ». Ce plan innovant se veut une ouverture du réseau à tous les acteurs impliqués dans la lutte contre le VIH afin d’avoir une synergie d’actions pour améliorer la qualité et la couverture de l’infection à VIH chez les enfants et les adolescents en Afrique francophone de l’ouest et du centre », confie le Directeur exécutif.
Mieux, dira-t-il : « la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie place le réseau comme un partenaire technique privilégié aussi bien des programmes nationaux que des partenaires institutionnels tels que UNICEF, l’OMS, le fonds Mondial, l’ONUSIDA et bien d’autres. Le réseau est membre fondateur du groupe technique pédiatrique sur le VIH en Afrique de l’ouest et du centre, de l’ALLIANCE GLOBALE, et maintient à ce titre un haut niveau de plaidoyer pour l’amélioration des indicateurs 3 *95 au niveau du VIH pédiatrique. »
Ce faisant, le réseau EVA espère obtenir des résultats plus reluisants dans l’amélioration des 3*95 chez les enfants ; surtout le premier concernant l’indentification et le diagnostic, et le dernier qui certifie du meilleur suivi. Fondée en 2010, le réseau EVA regroupe les pédiatres de 16 des plus importants centres de pédiatrie dans 12 pays d’Afrique francophone. Et il est en partenariat étroit avec 3 centres pédiatriques parisiens que sont : l’hôpital Necker enfants malades, l’hôpital Robert Debré et l’hôpital Armand Trousseau.
A la tête du réseau EVA, Dr Gérès Ahognon est surtout chargé de conduire le plaidoyer au niveau international, de mener le réseautage et la promotion. Il supervise par ailleurs les structures locales partenaires de mise en œuvre des activités du réseau dans les différents pays et vient en appui aux points focaux nationaux.
Michaël Tchokpodo