Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a publié son nouveau rapport sur le climat. Ce 6e rapport du GIEC identifie des seuils de réchauffement qui provoqueront des impacts irréversibles sur la biodiversité.
Les conclusions du nouveau rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat sont peu reluisantes et interpellent tout le monde. Ce document, publié le 20 mars 2023, à l’issue d’une session d’approbation qui s’est tenue du 13 au 17 mars 2023 en Suisse avec les représentants des 195 pays membres du GIEC, synthétise les rapports des trois groupes de travail sur les éléments physiques du climat, l’adaptation et l’atténuation.
Des constats très alarmants
Selon ce rapport, la décennie 2011-2020 est la plus chaude depuis 125 000 ans. Cela est principalement dû aux activités humaines. En 2019, la concentration de CO2 dans l’atmosphère est de 410 parties par million (ppm) en moyenne. Ce taux n’avait pas été atteint depuis 2 millions d’années. Le niveau de réchauffement global de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle sera atteint dès le début des années 2030, quels que soient les efforts de réduction immédiate des émissions mondiales de CO2.
Les politiques actuellement en place conduiraient à un réchauffement global de 2,4 °C à 3,5 °C d’ici la fin du siècle, avec une valeur médiane de 3,2 °C. Le changement climatique a déjà touché l’accès à l’eau et à l’alimentation (réduction de la croissance de la productivité agricole depuis 50 ans), la santé (augmentation des maladies vectorielles transmises par les moustiques, mortalité liée aux vagues de chaleur), l’activité économique.
Le rapport souligne que les effets du changement climatique varient selon les régions. Entre 2010 et 2020, la mortalité liée aux inondations, aux sécheresses et aux tempêtes a été 15 fois supérieure dans les pays très vulnérables par rapport aux pays peu vulnérables.
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont continué d’augmenter fortement au cours de la dernière décennie (en moyenne 56 GtCO2eq par an), mais deux fois moins vite que lors de la précédente décennie. Entre 35 et 45% des GES sont liées à la consommation des 10% de foyers aux plus hauts revenus. L’objectif de limiter le réchauffement global de 1,5 °C nécessite un pic des émissions de CO2 en 2025 au plus tard puis une décroissance jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2050.
Des impacts irréversibles sur la biodiversité
Les effets du changement climatique vont s’intensifier avec le réchauffement mondial notamment les températures extrêmes, l’intensité des précipitations, la sévérité des sécheresses, la fréquence des événements climatiques rares. Aussi, note-t-on l’accélération de la fonte du permafrost et de la glace de mer en Arctique, des glaciers de montagne et des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique ; sans oublier la montée du niveau de la mer.
Certaines de ces conséquences seront irréversibles durant des siècles, voire des millénaires. Les risques seront de plus en plus complexes, combinés et en cascade. Ils vont s’aggraver avec le réchauffement climatique dans toutes les régions du monde. Certaines limites d’adaptation ont déjà été atteintes, d’autres le seront immanquablement à l’échelle de l’existence humaine.
Roméo Agonmadami