A quelques mois de la Conférence sur le changement climatique prévue à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023, un fonds pour les pertes et dommages voit le jour. Sa création émane de la volonté affichée des pays à la Cop27, de régler les pertes subies par les pays pauvres, non émetteurs de gaz à effet de serre et qui, malencontreusement, font les frais des pays les plus émetteurs.
C’est une bouffée d’oxygène pour nombre de pays surtout africains, vulnérables à cause des phénomènes liés aux changements climatiques. Et pour cause, le fonds des pertes et dommages a quitté sa phase théâtrale à sa phase concrète. Mais déjà, des inquiétudes sont nourries. L’on se demande si ce fonds fera long feu au regard du besoin sans cesse légataire qui s’impose.
À cette préoccupation, le chargé de projet pour l’association Climate Chance Mélain Assé-Wassa Sama semble avoir des réponses. « Actuellement, il y aurait plusieurs options qui sont envisagées. L’une d’elles serait, au-delà des pays industrialisés qui alimentent déjà le financement climatique, d’élargir la base aux pays émergents, entre autres l’Inde, la Chine, l’Arabie Saoudite, le Qatar. Mais il faut noter qu’actuellement, il y a une opposition de ces pays. Une autre qui est de plus en plus évoquée est de taxer l’extraction des combustibles fossiles. »
A l’en croire, « les études ont montré qu’environ 100 entreprises fossiles ont émis à peu près 50% des émissions de gaz à effet de serre depuis la révolution industrielle. Le but serait donc d’introduire une taxe. Par exemple, si elle était évaluée à 6 dollars la tonne, pourrait rapporter jusqu’à 150 milliards de dollars qui pourraient alimenter le fonds. »
Compenser les préjudices
Ces compensations se feront de manière minutieuse pour les prochaines échéances. Car, les petits producteurs et les agriculteurs donneront de leurs voix pour apporter de plus amples informations par rapport à leur quotidien.
« Nous faisons ce que l’on appelle la collecte de récits de vies sur les pertes et préjudices auprès des petits producteurs, les agriculteurs pour prendre en compte leurs histoires de vie parce que, très souvent, soit elles perdent leurs productions agricoles ou parfois, il peut arriver qu’il y ait des pertes en vies humaines. »
« Donc, clarifie Moumouni Compaore, nous essayons de documenter cela et de créer des cadres de dialogue avec le gouvernement pour mettre en contact ces personnes, la société civile, et le gouvernement, pour discuter ensemble. Cela permettra de contextualiser la question des pertes et préjudices au niveau national, mais aussi d’identifier des voies de financement qui soient appropriées et équitables pour les communautés. »
Ignace Tossou