La tension continue de monter au sein de la population, notamment dans le rang des parents des victimes. Ils réclament justice pour leurs enfants morts après avoir ingéré un sirop pour la toux importé d’Inde et coupé avec un antigel industriel. Au nom de cette justice, le ministre gambien de la santé a annoncé l’ouverture d’une enquête. Les résultats dudit enquête ciblent le directeur de l’agence de contrôle des médicaments et son adjoint.
Quatre types de sirops importés d’Inde sont responsables de la mort d’au moins 70 enfants des suites d’insuffisance rénales aigues en 2022 en Gambie. C’est du moins ce que fait savoir le ministre de la santé Gambien, Dr Ahmadou Lamin Samateh au lendemain des conclusions faites par la commission d’enquête qui souligne un « dysfonctionnement ».
En effet, des conclusions issues de l’enquête, il est à noter que les médicaments frelatés n’avaient bénéficié d’aucun contrôle, et n’étaient pas enregistrés par l’Agence de contrôle des médicaments avant d’être importés. Fort de ce rapport de la commission, le ministre a annoncé le licenciement du directeur de l’agence de contrôle des médicaments et de son adjoint. Plus encore, la responsabilité d’un pharmacien superviseur ayant autorisé l’importation de ces sirops sans observer les préalables est évoquée.
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Dans ce jet de pierre, Wury Keita, un des parents des victimes dont la fille est âgée de 2 ans, clame au micro de RFI. « On ne peut pas tuer nos enfants nous abandonner comme ça ». Ce père de famille s’indigne contre la non collaboration des autorités jusqu’à l’acte décisive. « Avant qu’on aille en justice, ils ne nous ont pas appelés une seule fois. C’est lorsqu’on est allé en justice que, ce même jour, le ministre a appelé pour nous dire soi-disant qu’ils faisaient leur enquête. Ils nous disaient qu’ils n’avaient pas de preuves, c’est pourquoi ils n’ont pas envoyé ces gens en justice. Finalement, ils disent maintenant qu’ils ont toutes les preuves qu’il faut. Ils nous ont menti », a-t-il dénoncé. Le parent poursuit en expliquant : « le directeur de contrôle des médicaments nous a dit que c’était l’eau sale qui avait causé la maladie aux enfants. Il a menti. Il a dit que c’était une inondation alors qu’il n’y a pas eu d’inondations chez nous. Si la justice fait son travail, ils iront tous en prison pour que ça ne se reproduise plus jamais dans le pays. »
Il faut noter que la commission d’enquête a souligné le besoin urgent de créer un laboratoire de contrôle de qualité pour effectuer des tests sur tous les médicaments importés. Rappelons que le laboratoire indien dont sont issus les médicaments frelatés est sous la menace d’une poursuite judiciaire de la part des autorités gambiennes. Ils entendent obtenir des réparations. Un procès en la matière est en vue d’ici fin octobre.
Ignace Tossou