C’est une résolution qui se veut sans anicroche : « les médias africains veulent prendre leur place dans cette lutte noble contre les violences faites aux femmes et aux filles et la promotion de leur autonomisation », laisse entendre Youssouf Bamba, président du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) lors du lancement des travaux du forum des médias sur la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles en Afrique.
Avec cette volonté affichée, « les médias peuvent éduquer, sensibiliser, influer sur les comportements, mobiliser l’opinion et les décideurs, orienter les débats politiques et inciter à des actions concrètes en faveur de la femme. Dans une région profondément marquée par des crises militaro-politiques, les médias deviennent un outil puissant pour la continuité des services de prévention et la promotion des services de prise en charge dans les domaines de la vie sociale », poursuit-il.
Organisé avec l’appui technique et financier de l’ONU Femmes et des fonds français Muskoka, ce forum marque, selon Youssouf Bamba, le point de départ d’un engagement collectif des médias en Afrique avec en toile de fond, un renforcement des productions médiatiques de sensibilisation et de plaidoyer en vue de toucher toutes les cibles notamment les plus reculées pour un monde sans violence envers les femmes.
« Une femme sur trois subit des violences basées sur le genre »
Ce forum régional se tient dans le cadre de la campagne de 16 jours d’activisme contre la violence à l’égard des femmes, une campagne annuelle internationale qui démarre le 25 novembre de chaque année, date qui coïncide avec la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et qui se termine le 10 décembre marquant la journée des droits humains.
D’après Arlette Mvondo, représentant résident ONU Femmes au Sénégal qui cite les premiers rapports du processus de Beijing plus 30, les cinq dernières années de la région de l’Afrique de l’ouest et du centre sont marquées, 79% des États membres ont présenté des rapports qui ont permis de mettre en place des plans d’actions nationaux pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles. 90% des États ont introduit ou renforcé la législation en matière de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles. Et 88% ont introduit ou renforcé des services pour prendre en charge les victimes de violences.
Malgré les progrès visibles, des déficits persistent : « En Afrique de l’ouest et du centre, une femme sur trois subit des violences basées sur le genre. Les mutilations génitales féminines, les mariages précoces, les violences sexuelles et domestiques continuent de priver des millions de femmes et des filles de leurs droits fondamentaux tout en limitant leur potentiel individuel et leur contribution collective à nos sociétés. Aucun pays n’est épargné et aucun pays n’a réussi à éliminer ce fléau de la violence contre les femmes et les filles », déplore Arlette Mvondo.
En plus des besoins en investissement, l’innovation et la volonté politique, elle en appelle les médias à s’impliquer dans la lutte en accompagnant les différentes parties prenantes pour sa réussite effective.
Compter sur les médias
S’adressant aux journalistes membres du REMAPSEN, Oumar Samb, Conseiller technique du ministère de la Famille et des Solidarités déclare : « votre présence témoigne de votre engagement à accompagner nos différents Etats dans la réalisation des différents objectifs fixés dans les politiques et programmes, mais également à honorer leurs engagements pris au niveau sous-régional, régional et international. » Il n’a pas occulté le rôle fondamental des médias dans la transformation sociétale, car l’information a ce pouvoir mobilisateur des communautés et d’éducation qui permet de conscientiser les esprits et de transformer les mentalités.
D’après son état des lieux : « les violences basées sur le genre, qu’elles soient physiques, psychologiques ou économiques, représentent une violation grave des droits humains. Elles affectent la dignité, la santé et le bien-être des femmes et des filles. Ces inégalités exacerbées par des normes socioculturelles et des préjugés freinent non seulement la participation des femmes et des jeunes filles au développement de nos différents pays, mais aussi leur aspiration à des sociétés solidaires sans discrimination. » Ainsi, il juge opportun d’œuvrer à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, les filles et les garçons, comme levier essentiel vers l’atteinte des objectifs de développement durable.
Ce 3è forum des médias organisé par le REMAPSEN fait suit à ceux de Dakar en 2022 sur le thème de l’impact de la Covid-19 sur les programmes de prévention et de prise en charge du Vih en Afrique de l’ouest et du centre ; et celui de la santé infantile, la vaccination et la nutrition de Lomé (Togo) en 2023. A ces occasions, le REMAPSEN rassemble des membres de ses coordinations pays présents dans plus de 40 pays dans toute l’Afrique.