Le Burundi et le Sénégal sont respectivement les huitième et neuvième pays de la région africaine de l’OMS à avoir réalisé cet exploit. En effet, l’Organisation mondiale de la santé a validé l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique dans ces deux pays africains. « L’élimination d’une maladie comme le trachome est un grand succès pour la santé publique, qui a nécessité des efforts et un dévouement au long cours », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. « Je félicite le gouvernement et le peuple burundais pour leur travail acharné et leur engagement. C’est formidable de voir le Burundi rejoindre le groupe de plus en plus important de pays qui ont éliminé au moins une MTN », a-t-il ajouté.
« La validation officielle de l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique au Burundi marque une étape majeure dans notre engagement en faveur de l’équité en santé. Il s’agit d’une victoire collective rendue possible par près de 20 ans de mobilisation nationale et de solidarité internationale. Je tiens à saluer tous les partenaires, les acteurs communautaires et institutions du Burundi et au-delà qui ont permis cette avancée historique », a dit Dre Lydwine Baradahana, Ministre burundaise de la santé publique et de la lutte contre le sida. Dr Xavier Crespin, Représentant de l’OMS au Burundi a salué cet exploit du pays, qui selon lui, reflète la détermination du gouvernement à protéger les populations les plus vulnérables.
« Cet exploit reflète la détermination du gouvernement à protéger les populations les plus vulnérables. Sous le patronage du Ministère de la santé publique et de la lutte contre le sida, et grâce au dévouement des agents de santé communautaires, au soutien de partenaires clés et à l’appui technique de l’OMS, ce succès a été rendu possible », a-t-il affirmé avant d’ajouter : « cette victoire nous inspire à poursuivre avec le même engagement l’élimination de toutes les autres maladies tropicales négligées. »
Il est à noter que les enquêtes de référence menées en 2009-2010 ont confirmé que le trachome était endémique dans certaines régions du Burundi. Cela a conduit à mener des interventions basées sur la stratégie CHANCE recommandée par l’OMS pour 2,5 millions de personnes qui en avaient besoin, dans 12 districts sanitaires. Selon le communiqué de l’OMS, le programme d’élimination du trachome au Burundi a été soutenu techniquement et financièrement par CBM Christoffel Blindenmission, l’END Fund, Geneva Global et l’OMS. L’Initiative internationale contre le trachome, qui dépend de la Task Force for Global Health, a donné de l’azithromycine (Zithromax, Pfizer, New York, États-Unis d’Amérique). Par ailleurs, « l’OMS continue de soutenir les autorités sanitaires du pays en les aidant à assurer la surveillance des communautés où le trachome était auparavant endémique afin de prévenir toute résurgence de la maladie. »
Le Sénégal élimine le trachome
« Je félicite le Sénégal d’avoir libéré sa population de cette maladie », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS avant de poursuivre : « cette étape importante est un autre signe des progrès remarquables accomplis dans la lutte contre les maladies tropicales négligées à l’échelle mondiale, et donne de l’espoir à d’autres pays qui s’efforcent encore d’éliminer le trachome. » « Aujourd’hui, nous célébrons notre victoire contre le trachome, 21 ans après celle contre la dracunculose », a déclaré Dr Ibrahima Sy, Ministre sénégalais de la santé et de l’action sociale. « Cette nouvelle étape nous rappelle que notre objectif primordial reste de libérer le Sénégal des maladies tropicales négligées. Nous sommes pleinement engagés dans cette voie, et nous progressons bien, notamment contre la trypanosomiase humaine africaine (maladie du sommeil) et l’onchocercose », a-t-il ajouté.
L’OMS aide les autorités sanitaires sénégalaises à surveiller de près les communautés où le trachome était auparavant endémique afin de prévenir toute résurgence de la maladie. « Le trachome jette une ombre sur les communautés sénégalaises depuis plus d’un siècle. Cette validation tant attendue n’est pas seulement une étape importante pour la santé publique, mais aussi un témoignage fort du dévouement inlassable des agents et agentes de santé de première ligne, des communautés, des dirigeantes et dirigeants gouvernementaux et des partenaires qui n’ont jamais baissé les bras », a déclaré Dr Jean-Marie Vianny Yameogo, représentant de l’OMS au Sénégal. « Aujourd’hui, nous fermons un chapitre ouvert il y a plus de cent ans, unis par la fierté, la gratitude et la détermination. L’OMS reste déterminée à soutenir le Sénégal alors qu’il continue de jouer un rôle de premier plan dans la pérennisation de cette réalisation durement obtenue. »
Avec cet exploit, le trachome est la deuxième maladie tropicale négligée (MTN) à être éliminée au Sénégal. En 2004, le Sénégal avait déjà été certifié exempt de transmission de la dracunculose (maladie du ver de Guinée). Pour mémoire, le trachome sévit au Sénégal depuis le début du XXe siècle et les enquêtes réalisées dans les années 1980 et 1990 ont confirmé que c’était une cause importante de cécité. Grâce à la mise en œuvre de la stratégie CHANCE par le Sénégal, recommandée par l’OMS pour éliminer le trachome, avec le soutien de ses partenaires, 2,8 millions de personnes dans 24 districts ont été touchées.
Le pays a, notamment, « mis en place des interventions chirurgicales visant à traiter la cécité au stade avancé de la maladie, administré massivement un traitement antibiotique à base d’azithromycine mis à disposition par Pfizer dans le cadre de l’Initiative internationale contre le trachome, mené des campagnes de sensibilisation auprès du grand public afin de promouvoir le nettoyage du visage, et améliorer l’accès aux services d’approvisionnement en eau et d’assainissement », a indiqué l’OMS dans son communiqué.

La famille s’agrandit, mais des efforts restent à fournir
Le Sénégal et le Burundi ont rejoint les autres pays où l’OMS a validé l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique : l’Arabie saoudite, le Bénin, le Cambodge, la Chine, la Gambie, le Ghana, l’Inde, l’Iraq, le Malawi, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Mexique, le Myanmar, le Népal, Oman, le Pakistan, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la République islamique d’Iran, le Togo, Vanuatu et le Viet Nam. Ces pays font partie d’un groupe plus vaste de 57 pays qui ont éliminé une ou plusieurs maladies tropicales négligées.
Toutefois, le trachome reste un problème de santé publique dans 32 pays et environ 103 millions de personnes vivent dans des zones où des interventions contre la maladie sont nécessaires. Selon l’OMS, cette maladie sévit principalement dans les régions les plus pauvres et les plus rurales d’Afrique, d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud, d’Asie, du Pacifique occidental et du Moyen-Orient. « La Région africaine de l’OMS est touchée de manière disproportionnée : en avril 2024, 93 millions de personnes vivaient dans des zones à risque, représentant 90 % de la charge mondiale du trachome. Ces dernières années, des progrès significatifs ont été accomplis, si bien que le nombre de personnes nécessitant un traitement antibiotique contre le trachome a diminué de 96 millions dans la Région africaine, passant de 189 millions en 2014 à 93 millions en avril 2024, soit une baisse de 51 % », a déclaré l’OMS.
Toujours selon l’OMS, 20 pays (l’Algérie, l’Angola, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Érythrée, l’Éthiopie, la Guinée, le Kenya, le Mozambique, le Niger, le Nigéria, l’Ouganda, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la République-Unie de Tanzanie, le Soudan du Sud, le Tchad, la Zambie et le Zimbabwe) de la Région africaine de l’OMS nécessitent une intervention pour éliminer le trachome. Elle précise que trois autres pays de la Région (le Botswana, la Guinée-Bissau et la Namibie) « affirment avoir atteint les objectifs de prévalence correspondant à l’élimination de la maladie. »
Les recommandations de l’OMS
L’OMS ne compte pas se reposer sur ses lauriers. Pour éliminer le trachome en tant que problème de santé publique, elle recommande la stratégie CHANCE. Selon l’OMS, il s’agit d’une approche globale visant à réduire la transmission de l’agent pathogène, à éliminer les infections existantes et à faire face à leurs conséquences.
« La stratégie CHANCE consiste en une intervention chirurgicale pour traiter la complication qui entraîne la cécité (le trichiasis trachomateux) ; les antibiotiques pour traiter l’infection, en particulier dans le cadre d’une administration massive (donnés par le fabricant (Pfizer) aux programmes d’élimination par l’intermédiaire de l’Initiative internationale contre le trachome) ; le nettoyage du visage ; et l’amélioration de l’environnement, en particulier en améliorant l’accès à l’eau potable et l’assainissement. La Feuille de route pour les maladies tropicales négligées 2021-2030 vise à prévenir, à maîtriser, à éliminer ou à éradiquer 20 maladies et groupes de maladies d’ici à 2030. Les progrès accomplis dans la lutte contre le trachome et d’autres maladies tropicales négligées allègent le fardeau humain et économique que ces affections font peser sur les communautés les plus défavorisées du monde », a indiqué l’organisation dans un communiqué sur son site officiel.