Le Ministre d’Etat, ministre du Plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané et le Représentant Résident du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), Aouale Mohamed Abchir, ont procédé le 21 décembre à Cotonou, au lancement du Rapport sur le développement humain (Rdh) 2020 intitulé «La prochaine frontière : le développement humain et l’Anthropocène».
Pour cette année 2020, qui marque le 30e anniversaire du premier Rdh et de la mise au point de l’indice de développement humain (Idh), le Bénin est en progression. Une avancée saluée par le ministre Bio Tchané. « (…) le Bénin a fait un bond en matière de développement humain ces dernières années, confirmant une fois de plus, la justesse des actions que nous menons pour le développement durable de notre pays. Je note avec satisfaction qu’en 2019, le Bénin a progressé de 5 places dans le classement mondial, basé sur la qualité du développement humain. Notre pays est devenu 1er en termes de développement humain au sein de l’espace Uemoa et 3ème dans l’espace Cedeao, derrière le Cap Vert et le Ghana ».
L’Idh du Bénin pour 2019 s’établit à 0.545, ce qui place le pays à la 158ème position sur 189 pays et territoires. L’Idh est une mesure sommaire des progrès moyens dans les dimensions essentielles du développement humain à savoir : une vie longue et en bonne santé, l’accès à la connaissance et un niveau de vie décent. Le Bénin enregistre des progrès en particulier dans les domaines de la santé et des revenus, les taux de croissance économique moyens sont supérieurs à 6% ces dernières années.
Entre 1990 et 2019, l’Idh du Bénin a progressé de 0,364 à 0,545, soit une hausse de 49,7%. Sur la même période, l’espérance de vie à la naissance au Bénin a augmenté de 8 années, la durée moyenne de scolarisation a augmenté de 2,2 années et la durée attendue de scolarisation a augmenté de 7,3 années. Malgré ces avancées, il reste des efforts à fournir pour réduire la pauvreté.
« J’ai foi que ce rapport contribuera à stimuler un débat public de haut niveau au Bénin sur l’urgence de régler les difficultés qui entravent le développement humain pour tous en lien avec la sauvegarde de notre planète commune », a déclaré Aouale Mohamed Abchir.
Prendre des mesures audacieuses pour l’environnement
Lancé en présence de nombreuses personnalités, «La prochaine frontière : le développement humain et l’Anthropocène» fait la part belle à la question climatique et écologique. Selon le rapport en effet, la prochaine étape critique du développement humain exigera que l’on travaille avec et non contre la nature, tout en transformant les normes sociales, les valeurs ainsi que les mesures d’incitation gouvernementales et financières.
De nouvelles estimations prévoient par exemple que d’ici à 2100, les pays les plus pauvres du monde pourraient connaître jusqu’à 100 jours supplémentaires par an de conditions météorologiques extrêmes en raison du changement climatique, un chiffre qui pourrait être réduit de moitié si l’Accord de Paris sur les changements climatiques est pleinement mis en œuvre.
« Le Gouvernement béninois prend à cœur les analyses de ce rapport, car le Bénin est touché directement par les problèmes climatiques. Les effets des inondations sont chaque année mortelle. On note déjà 18 décès dus aux inondations cette année. L’impact sur la paupérisation des populations est important avec la destruction de milliers d’hectares de production et de milliers d’habitations, etc. », a relevé le ministre Bio Tchané qui a lancé « un appel aux acteurs politiques, de la société civile et du secteur privé pour une synergie d’actions ».
Trois messages-clés du rapport
Pour Aouale Mohamed Abchir, en plus de rappeler les progrès en matière de développement humain accomplis par l’humanité en 30 ans, et de mettre l’accent sur les pressions humaines sur la planète, « le Rdh 2020 fait valoir que cette situation pourrait nous faire basculer dans les prochaines années dans une nouvelle ère géologique, l’Anthropocène et dans laquelle l’Homme est l’acteur central ».
Et le Représentant Résident du Pnud au Bénin de relever trois messages clés issus du rapport. « Premièrement, a-t-il souligné, la survenue et l’expansion de la pandémie du Covid-19 a exacerbé une myriade d’inégalités dans le développement humain. (…). Deuxièmement, les déséquilibres planétaires et les déséquilibres sociaux s’exacerbent mutuellement (…). Troisièmement ; du fait des nombreuses pressions de l’activité humaine sur la nature, l’environnement et l’écosystème, la civilisation humaine entre maintenant dans une nouvelle époque géologique l’Anthropocène ».
Aouale Mohamed Abchir a annoncé l’organisation, dans les prochains jours à Cotonou, d’une série d’échanges approfondis sur les conclusions du rapport et les leçons à tirer pour le Bénin avec les chercheurs, les académiciens, les administrations publiques et les acteurs de la société civile et du secteur privé.
Flore Nobimè