Pour devenir paysagiste, puis directrice de La Gamme Verte, une jardinerie-fleuriste, Stéphanie Gnimadi Dagba a dû mettre un terme à une décennie de carrière en webdesign. Portrait.
« Il y a deux sortes de passions : les passions que nous avons et les passions qui nous ont. On triomphe quelquefois des premières », disait l’écrivain français Alphonse Karr. Stéphanie Gnimadi Dagba a pour sa part été engloutie par sa passion pour les plantes. Titulaire d’une licence professionnelle en informatique de gestion, elle a travaillé pendant dix ans au sein d’une entreprise en tant que webdesigner. Des années au cours desquelles elle n’a jamais renoncé à sa passion. Au contraire, Stéphanie Gnimadi Dagba cherchait le moyen de s’y consacrer complètement.
« J’ai dû démissionner de mon super boulot que j’aimais bien. Je suis allée me faire former quelques mois au Ghana. A mon retour, j’ai commencé par mettre en application mes connaissances reçues. Une chose est de se faire former, mais l’expérience en est une autre. Après avoir étudié tout ce qu’il y a autour de la prise en compte des plantes naturelles, il me fallait beaucoup de temps pour pouvoir apprendre le métier avant de proposer mes services et produits. Mon objectif n’était pas uniquement de vendre des plantes, mais de pouvoir inciter les gens à intégrer les plantes dans leur vie quotidienne, leur habitation et leur lieu de travail parce que ces plantes apportent beaucoup d’énergie à notre bien-être », raconte la paysagiste.
Passionnée des plantes et paysagiste de formation, Stéphanie Gnimadi Dagba a créé en 2019 à Cotonou, capitale économique du Bénin, La Gamme Verte qui est une jardinerie-fleuriste. Elle vend des plantes d’intérieur et d’extérieur pour les bureaux et maisons. Elle fait de la décoration au naturel, et propose des services de conseils et de suivi des plantes. A quelques encablures de Cotonou, l’entrepreneure dispose d’une pépinière de plus de 400 espèces de plantes, à l’exception de quelques-unes qu’elle importe.
Des vertus des plantes
L’intérieur comme l’extérieur d’un bâtiment nécessite des plantes adaptées. Pour l’intérieur, c’est généralement des plantes vertes qui sont utilisées, à quelques exceptions près. Ces plantes d’intérieur absorbent du CO2 pour assainir l’environnement. Par contre, ramener à l’intérieur les plantes destinées à l’extérieur ne donnera pas le résultat voulu. La majorité sont des plantes fleuries à l’instar d’un rosier ou un gerbera car elles ont besoin de soleil pour fleurir.
« Lorsque nos clients achètent une plante à La Gamme Verte, la première des choses c’est de lui donner les conseils pour l’entretenir. Nous avons même des étiquettes sur chaque plante, un peu comme des notices pour expliquer aux gens comment l’entretenir. On met l’accent sur les vertus de la plante, le mode d’entretien à l’intérieur et à l’extérieur », précise Stéphanie Gnimadi Dagba. Pour conseiller ses clients, l’entrepreneure tient compte des caractéristiques d’intérieur de la résidence du client. Selon elle, les plantes d’intérieur ont besoin de lumière. Celle-ci représente une condition sine qua non alors que les clients n’ont généralement pas ces conditions de luminosité et d’aération chez eux.
Par ailleurs, pense-t-elle : « il doit normalement y avoir des plantes dans une pièce de vie. Ce n’est pas juste à titre décoratif. Une plante dans un bureau par exemple protège et produit de l’oxygène qui permet d’assainir l’environnement. A part ces vertus, les plantes sont vraiment nécessaires dans notre quotidien, surtout pour embellir notre jardin, nos chambres à coucher et nos bureaux. »
Former de nouvelles générations
Avant d’installer sa jardinerie physique en 2021, La Gamme Verte existait à travers les canaux digitaux : facebook, instagram d’environs 2 mille abonnés et son site web de vente de plante en ligne. Via ce canal, elle sensibilisait les internautes sur les bienfaits des plantes naturelles. Cela lui a valu de décrocher en 2020, le 1er prix de l’Amazone du Digital décerné par le Ministère du numérique et de la digitalisation à l’issue de la Semaine du Numérique. En 2022, elle a reçu le prix de l’entreprise écolo de l’année. Une distinction de la Fondation Gnidehoue.
Malgré le succès apparent, l’entreprise fait face à des difficultés telles que les pertes des plantes, en raison des attaques des insectes et des escargots envahisseurs de plantes. Sur le plan commercial, des difficultés se font également remarquées, principalement chez les clients qui n’ont pas vraiment une bonne maîtrise des plantes naturelles. « Au départ, narre-t-elle, c’était très compliqué pour nous car c’était un nouveau métier. Les gens n’ont pas la culture de s’occuper des plantes. Beaucoup tuent leurs plantes et reviennent vers nous pour demander qu’on les change. »
Jusqu’à présent, l’entreprise fonctionne sur fonds propres. La production des plantes nécessitant assez d’investissements, le manque de moyens freine parfois ses ambitions. Cependant, Stéphanie Gnimadi Dagba ambitionne sur le long terme, de transmettre son savoir-faire. Elle pense créer une école pour former les jeunes sur les subtilités du métier.
Roméo Agonmadami