Le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) a tenu le jeudi 18 mai, un webinaire qui s’inscrit dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la biodiversité. Les discussions ont eu lieu sur le rôle des médias dans la mise en œuvre d’un cadre mondial sur la biodiversité.
Le cadre mondial sur la biodiversité revêt une importance capitale. Il est au centre du bien-être des populations, principalement celles qui vivent dans la biodiversité et qui en dépendent. Pour Cécile Martin Phipps, directrice de l’Institut de la francophonie pour le développement durable (IFDD), la mise œuvre du cadre mondial requiert une mobilisation très importante tant en termes de ressources que d’actions concrètes sur le terrain.
Cependant, le défi majeur et le plus urgent demeure l’appropriation du cadre mondial par l’ensemble des acteurs socio-professionnels. Pour parvenir à une plus grande vulgarisation, elle pense que cette responsabilité incombe aux hommes et femmes des médias qui devront davantage informer les populations sur l’importance de la biodiversité.
Le cadre pour la biodiversité a été adopté comme partie d’un ensemble avec la décision sur l’information de séquençage numérique, la stratégie de mobilisation des ressources et les mécanismes de planification.
Un cadre d’action ambitieux
Selon Basile Van Havre, responsable de la convention sur la diversité biologique au Canada, le cadre mondial répond d’une manière équilibrée à toutes les causes de perte de la biodiversité et combine tous les éléments nécessaires au changement. Il notifie que si l’entièreté des mesures sont mises en œuvre, on assistera à des changements, notamment dans le secteur de l’agroalimentaire et de la production par exemple.
Conscient de la perte de la biodiversité et de la menace pour l’équilibre mondial, la communauté internationale a négocié et adopté lors de la 15e Conférence des Nations-Unies sur la Diversité Biologique (CdP15), tenue à Montréal au Canada en décembre 2022, l’Accord Kunming-Montréal portant sur le Cadre mondial de la biodiversité.
Cet accord qui vise à inciter à l’action, comporte des cibles et des indicateurs chiffrés, pour freiner et inverser la perte croissante de la biodiversité, afin de contribuer à la « vision de vivre en harmonie avec la nature d’ici à 2050 ». Il comprend notamment 4 grands objectifs à long-terme à l’horizon 2050, 23 cibles axées sur l’action à l’horizon 2030, des mécanismes de planification, de suivi, de révision, de rapportage et des indicateurs à utiliser dans les rapports périodiques nationaux.
Biodiversité en danger
Les 196 Parties à la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) s’y engagent sur divers enjeux, notamment l’atteinte à la conservation de 30% des surfaces terrestres et marines à travers un réseau bien relié d’aires protégées (marines, côtières, terrestres, et d’eaux douces). De même que d’autres mesures de Conservation Efficaces par zone (AMCE) au niveau mondial à horizon 2030, la restauration de 30% des écosystèmes dégradés et l’accroissement des financements à destination des pays en développement pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité.
Dans le cadre des négociations visant à adopter ce cadre mondial, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), à travers l’IFDD, a pendant ces quatre dernières années, renforcé les capacités de plus de 1200 négociateurs-trices de plus de 40 pays francophones, y compris des femmes et des jeunes. En outre, plus de 6 outils d’aide à la négociation ont été mis en place (guide des négociateurs, résumés pour les décideurs, etc.). Plus de 10 cadres de concertation ont été mis en place pour faciliter le partage de connaissances et d’expériences sur les enjeux et les priorités en matière de biodiversité.
La science a documenté largement la perte croissante de la biodiversité liée notamment à la surexploitation des ressources naturelles, aux changements climatiques, l’introduction d’espèces invasives, la pollution et la forte urbanisation. La Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a publié un rapport sur l’état de la biodiversité en 2019, à travers lequel il mentionne qu’un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction. Ce rapport relève en outre que la superficie des écosystèmes naturels, tels que les forêts et les récifs coralliens, a diminué de 47 % par rapport à leur état initial.
Roméo Agonmadami