C’est une première pour le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) qui organise au Togo du 21 au 23 novembre 2023, un forum des médias sur la santé infantile, la vaccination et la nutrition. Ce 6ème forum régional du réseau a reçu le soutien technique et financier du Fonds des Nations-Unies pour l’enfance (Unicef).
En marge de la journée internationale des droits de l’enfant, célébrée le 20 novembre de chaque année, une soixantaine de journalistes d’environ une vingtaine de pays d’Afrique de l’ouest, du centre et de Madagascar se sont réunis à Lomé (Togo) dans le cadre du premier forum des médias sur la santé infantile, la vaccination et la nutrition. Il porte sur le thème : « rôle et responsabilités des médias dans la promotion de la santé infantile, la vaccination et la nutrition en Afrique. »
Initiative du REMAPSEN, cet atelier vise à « renforcer la capacité et la compréhension des journalistes sur les problématiques de santé infantile, de vaccination et de nutrition, et faire la communication autour de la prévention et la prise en charge autour de ces maladies », explique Bamba Youssouf, Président du comité exécutif du REMAPSEN. En effet, les enfants constituent la frange la plus fragile de la communauté. Ils sont de ce fait exposés à des problèmes de santé à l’origine de la malnutrition, du défaut de vaccination et du suivi médical de la grossesse de la mère, etc.
Cependant, se réjouit Dr Aissata Ba Sidibe, représentante résidente de l’Unicef au Togo : « dans le domaine de la santé, la situation sanitaire des enfants continue de s’améliorer avec une tendance à la baisse des taux de mortalité et de morbidité. Le taux de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans a en effet reculé de 71 à 64,4 pour mille naissances vivantes entre 2017 et 2020, une situation bien meilleure à la moyenne constatée dans les pays subsahariens. »
« Un enfant meurt toutes les 17 secondes »
En matière de santé infantile, de vaccination et de nutrition, l’Afrique de l’ouest et du centre est en bas de l’échelle au niveau mondial. « L’Afrique de l’ouest et du centre héberge 14% des enfants de moins de 5 ans dans le monde mais elle supporte une part disproportionnée du fardeau de la mortalité et morbidité infantile. Un enfant y meurt toutes les 17 secondes, souvent de causes évitables ou traitables telles que le paludisme, la diarrhée ou les infections respiratoires aigües. En 2022, 6,3 millions d’enfants dans la région n’avaient pas reçu toutes les doses de vaccins permettant de les protéger de maladies ou de décès évitables par la vaccination. Près d’un tiers des enfants des enfants de la région souffre d’un retard de croissance, dû à l’absence d’une alimentation suffisamment diversifiée et équilibrée. Dans la région du Sahel plus particulièrement, environ 2,4 millions d’enfants souffrent d’émaciation sévère, la forme de malnutrition la plus létale », expose Dr Aissata Ba Sidibe en citant Félicité Tchibindat, directrice régionale de l’Unicef pour l’Afrique de l’ouest et du centre.
Photo de groupe des officiels et des journalistes participant au forum
Pour cette dernière, les défis auxquels l’Afrique de l’ouest et du centre font face sont accentués par des facteurs tels que le contexte socio-économique, l’insécurité dans certaines zones, l’impact du changement climatique et plus récemment, les effets de la pandémie de Covid-19 sur des systèmes de santé déjà fragiles. Malgré les progrès considérables réalisés ces dernières années dans ces domaines en Afrique de l’ouest et du centre, de nombreux enfants continuent de souffrir de la malnutrition, des maladies évitables par la vaccination et du manque d’accès aux soins de santé essentiels.
Pour ce faire, elle invite les journalistes à être des catalyseurs pour que chaque enfant grandisse en bonne santé. « Le rôle que les journalistes peuvent jouer dans l’amélioration de la situation des enfants est inestimable : sensibilisation, plaidoyer, éducation, dialogue et ressources à travers des articles de qualité. En Afrique de l’ouest et du centre, la collaboration entre les médias et les partenaires, dont l’Unicef, est cruciale pour défendre les droits et la dignité de chaque enfant », fait-elle savoir.
Rôle des médias
Yawa Kouigan, Ministre de la communication et des médias, porte-parole du gouvernement togolais est du même avis. « Le rôle et responsabilités des médias dans la promotion de la santé infantile, la vaccination et la nutrition en Afrique, c’est justement de combler le gap informationnel par la production de contenus alignés sur les problématiques en la matière. Le quatrième pouvoir a le pouvoir de faire la différence en prenant à bras le corps sa mission d’informer, d’éclairer et d’éduquer. L’influence dont vous disposez peut utilement s’inscrire dans cette boucle vertueuse formée par les aspirations légitimes des populations et d’action résolue des autorités pour un développement durable, centré sur l’humain et mettant l’accent sur la santé, le bien-être et l’épanouissement des petits et des grands. »
Faisant l’état des lieux de la vaccination en Afrique, Yawa Kouigan estime qu’elle perd du terrain et de nos jours plusieurs millions d’enfants africains sont encore exposés à des maladies évitables. Dans les zones rurales du continent en particulier, la prégnance de la malnutrition affaiblit également plusieurs millions d’enfants, annihilant leur immunité et les rendant davantage vulnérables à de nombreux périls infectieux. Elle invite les journalistes à remplir leur noble mission d’informer les populations avec des contenus fiables pour la préservation de la santé des enfants.
Créé le 13 juin 2020 sur les cendres de l’ex réseau des médias africains pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (REMASTP), le REMAPSEN est un regroupement de plus de 30 pays en Afrique de l’ouest, du centre du nord et Madagascar.
Michaël Tchokpodo