Consommation des légumes sains au Benin : un impératif sanitaire relégué au second plan, la nécessité d’une prise de conscience collective

Les légumes occupent une place importante dans l’alimentation quotidienne. Sources de vitamines, de fibres et de minéraux, ils sont essentiels à la prévention de nombreuses maladies chroniques et à l’équilibre nutritionnel. Pourtant, leur consommation par les Béninois reste en deçà des recommandations internationales. Entre la sécurité sanitaire et impact du coût de la vie, cette situation appelle à une prise de conscience collective en faveur de la santé publique, compte tenu des bienfaits de la consommation de légumes.

Consommation des légumes sains au Benin : un impératif sanitaire relégué au second plan
Consommons des légumes sains

Les maladies cardiovasculaires, cancers, le diabète de type 2, et l’obésité : ce sont là, des maladies contre lesquelles la consommation des légumes sains permet de lutter. Cette liste non exhaustive témoigne de l’importance de la consommation des légumes pour le bien-être des populations, et pour le cas d’espèce, la population béninoise. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), chaque individu doit consommer au moins 400 grammes de fruits et légumes par jour, soit l’équivalent de cinq portions de 80 grammes chacune. Dans la réalité béninoise, cette norme est rarement atteinte. « Ces trois derniers mois, je l’ai pris que deux fois », a affirmé Bruno Mito, étudiant à Rousignol, parlant ainsi de la consommation des légumes.

Il n’est pas le seul rencontré. « Oui, j’en consomme, mais pas tous les jours. Je fais l’effort d’en consommer au moins une fois par semaine, surtout en ces weekend de vacances (…) » a laissé entendre Thérèse Hountondji, institutrice. Elle poursuit : « Peut-être deux à trois fois par mois. Ce n’est pas régulier comme certains, mais au moins, je fais l’effort. » Comme Bruno et Thérèse, Mylène Houndégla, vendeuse de divers à Togba ne consomme pas les légumes comme recommandé. « Je ne mange pas souvent ça, peut-être une fois par semaine au plus. Ce n’est pas parce que je n’aime pas, mais c’est surtout à cause de ma famille, mes enfants, qui n’aiment pas trop, on varie le repas » a-t-elle affirmé.

Pourquoi les Béninois ne consomment-ils pas suffisamment de légumes ?

Des chiffres inquiétants

Même si les données précises sur la consommation actuelle de légumes au Bénin sont limitées, des études ont montré que la consommation est globalement insuffisante. Selon Yann Madode, Professeur associé en Biochimie et Technologie des aliments, intervenu dans un article sur la consommation des légumes au Bénin, de l’organe spécialisé ‘’Le Rural’’, 26 mai 2025 (NDLR : date de publication de l’article), « le niveau de consommation de légumes est de 107 grammes par habitant par jour, ce qui fait environ 40 kilos par habitant par an, un niveau relativement faible par rapport aux recommandations de l’OMS ».

Dans la même veine, interrogée sur le sujet, Gloria Padonou, agro-nutritionniste et diététiste a affirmé : « Au Bénin, par exemple, des données STEPS renseignent sur le niveau de consommation des fruits et des légumes en général pour les personnes qui ont 18 ans et plus sur le plan national, donc c’est aussi bien pour les fruits que les légumes et ce n’est pas pour les légumes à part. Ces données indiquent que 93,1% des enquêtés ont une faible consommation de fruits et de légumes. Cette donnée date de 2016. Aussi, quand on prend deux adultes sur 10, par exemple, donc 20%, on remarque qu’ils ne consomment ni fruits ni légumes ». Ces statistiques bien préoccupantes ont plusieurs sources.

Des légumes, source : internet

Entre sécurité sanitaire des légumes et l’influence du pouvoir d’achat

Le problème n’est pas l’absence de légumes, mais leur sous-consommation et la mauvaise manière de les préparer. « Ce qui limite souvent la consommation des légumes, c’est parfois le prix, parfois la disponibilité et parfois les habitudes. Le prix parce qu’il peut augmenter. La disponibilité parce que, parfois, il n’y en a pas » a affirmé Anne-Marie Maforikan, productrice et vendeuse de légumes séchés. A sa suite Bruno Mito, étudiant à Rousignol affirme : « J’achète souvent les légumes au marché. Mais ça coûte cher ». A l’instar de ces deux citoyens, plusieurs exposent le problème de la cherté des légumes et fruits. Pour Gloria Padonou, agro-nutritionniste et diététiste, les légumes feuilles connus par la population en cuisine sont disponibles et plus ou moins accessibles en termes financiers.

D’un autre côté le légume dit « sain » ne se limite pas à sa valeur nutritive. Il doit aussi être exempt de contaminants chimiques et microbiologiques. Or, au Bénin, plusieurs études tirent la sonnette d’alarme. Selon la nutritionniste, les risques microbiologiques, c’est-à-dire les risques de contamination liés à la consommation de ces légumes augmentent le fait que les populations béninoises ne s’orientent pas toujours vers la consommation des légumes, « parce qu’aujourd’hui, manger ces légumes en version crue augmente les chances de s’exposer aux contaminations liées à la consommation des pesticides ». Conséquence, plusieurs ont des doutes sur la sécurité sanitaire de ces légumes. Par ailleurs, Gloria Padonou a tiré la sonnette d’alarme contre la cuisson prolongée des légumes dans la cuisine béninoise. Une pratique qui réduit les valeurs nutritionnelles des légumes.

Les légumes, un trésor de bien-être insoupçonné

La consommation régulière de fruits et légumes apporte d’énormes bienfaits pour la santé. Riches en fibres, vitamines, minéraux et antioxydants, ils renforcent l’immunité, protègent contre le cancer, les infections et les maladies cardiovasculaires. Plusieurs études montrent aussi un impact positif sur la santé mentale : moins de stress, moins de dépression et un score de bonheur plus élevé. « Quand nous prenons le cas de la santé mentale, par exemple, des études ont comparé des groupes de personnes qui consomment des fruits et des légumes suffisamment par rapport à d’autres. Ils ont étudié le niveau de dépression des deux groupes et on s’est rendu compte qu’il y avait une sensation moindre du stress par exemple chez les groupes qui consommaient plus de fruits et de légumes » a affirmé Gloria Padonou. Selon elle, chez les enfants et adolescents, la consommation régulière des fruits et légumes sains améliore la mémoire et favorise de meilleures habitudes de vie.

Conseils pour une manipulation sûre des fruits et légumes, source : Eufic

D’un autre côté, « quand nous prenons l’immunité, la consommation régulière de fruits et de légumes et préparation à base de plantes, par exemple augmentait une meilleure résistance au cancer lié à l’intestin » a laissé entendre la nutritionniste. Les légumes de par leur rôle préventif face à l’obésité, au diabète et au syndrome métabolique en font des alliés essentiels pour une meilleure qualité de vie. La nutritionniste n’a pas manqué de rappeler les pratiques de bonne cuisson. Elle affirme à cet effet : « il faut réduire le temps de cuisson des légumes quand ils sont bouillis à l’eau et réduire la quantité d’eau extraite et jetée quand nous cuisinons nos légumes feuilles. Par rapport au risque de contamination, orientez-vous vers la production bio pour réduire les risques de contamination liés aux pesticides. »

Pour encourager la consommation de légumes en famille, il est essentiel que les parents montrent l’exemple dès le plus jeune âge et impliquent les enfants dans leur préparation. Gloria Padonou recommande donc des méthodes ludiques comme les smoothies, jus ou purées, associées à une cuisson légère et à des produits bio, renforçant l’envie et l’habitude de manger sainement. Par ailleurs, les gouvernants doivent encourager les projets comme CASCADE qui vise non seulement à renforcer les politiques nationales de nutrition des enfants et des femmes en âge de procréer, mais aussi à améliorer la consommation d’aliments sains dans les ménages et renforcer la résilience des ménages face aux chocs économiques et climatiques.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.