Accueil A la une Lutte anti-tabac au Bénin : l’ONG IECT plaide pour une meilleure application de la loi 2017-27

Lutte anti-tabac au Bénin : l’ONG IECT plaide pour une meilleure application de la loi 2017-27

Sous le leadership de l’ONG Initiative pour l’éducation et le contrôle du tabagisme (IECT), la plateforme des Organisations de la société civile engagées dans la lutte anti-tabac au Bénin a tenu ce mercredi 18 août, une conférence-débat avec les médias sur la lutte anti-tabac au Bénin : historique, état des lieux et implications de la nouvelle loi 2017-27.

Au Bénin, la prévalence du tabagisme avoisine 16% chez les adultes et 9,2% chez les adolescents. Une hausse de la consommation du tabac est enregistrée en milieu rural, soit 19,5% contre 9,4% en milieu urbain. Et le nombre de personnes à risque augmentent selon l’âge. Progressivement, les adultes et les jeunes sont exposés à une diversité des produits de tabac allant des cigarettes, cigares, cigarillos, à la cigarette électronique ou au vapotage. La chicha, une pipe à eau de taille variée, destinée principalement à fumer du tabac ou d’autres produits parmi lesquels les drogues illicites, est un nouveau dérivé très répandu aujourd’hui.

« Malgré l’avalanche des dégâts du tabac, l’industrie continue de poser des pièges et use de moyens divers pour continuer à cibler les jeunes et à vendre ses produits de la mort à travers la diversification des produits, l’ajout des arômes, la publicité mensongère, le parrainage, le sponsoring, etc. », dénonce Dr Eugène Gbédji, médecin en santé communautaire. Lorsqu’il parle du « Tabagisme : ce que la jeunesse doit savoir », il évoque des risques tels que la diminution de la capacité de l’effort physique, les méfaits liés à l’impuissance, l’infertilité, etc.

Création d’un Office anti-tabac

L’industrie du tabac redouble d’ingéniosité pour attirer les jeunes et les adultes dans la nasse du tabagisme, notamment la chicha. Dans les villes du Bénin, les jeunes prennent du plaisir, par mimétisme, envie ou mauvaise fréquentation, à s’adonner à cette pratique qui prend de l’ampleur au sein de cette couche sociale. Mais la lutte anti-tabac remonte en 2006 lors du vote d’une première loi et de la prise d’un décret d’application en 2009. Elle n’a pas eu de réels impacts jusqu’en 2008, où à la conférence des parties, des directives ont été adoptées et ont permis de mieux cerner le domaine de la lutte anti-tabac au Bénin.

C’est ainsi que l’ONG IECT, avec l’appui de ses partenaires a initié en 2013, le projet « Campagne pour l’adoption d’un cadre légal et règlementaire pour la lutte anti-tabac conforme à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac au Bénin. » Il a débouché sur le vote de la loi 2017-27 du 18 décembre 2017 relative à la production, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac, de ses dérivés et assimilés en république du Bénin. Un début de satisfaction pour le Directeur exécutif de l’ONG IECT, Augustin Faton, qui plaide aujourd’hui, non seulement pour l’application effective de la loi, mais de la création d’un Office pour conduire la lutte contre le tabagisme au Bénin.

« Décourager les consommateurs »

En plus, le Bénin  a participé pendant cinq ans à la négociation du protocole qui a été adopté à la 5ème conférence des Parties en 2012 à Séoul en Corée. Le 24 septembre 2013, le Bénin a signé le protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac et l’a ratifié le 06 juillet 2018. Pour ce qui est de son application, le Bénin travaille activement dans deux groupes de travail sur le suivi et la traçabilité des produits du tabac et sur l’assistance et la coopération. « Le contexte actuel de la pandémie à la Covid-19 ayant freiné les diverses activités du secteur de la santé depuis 2019, les diligences sont en cours pour une mise en œuvre effective de cet arrêté qui vise à informer et à décourager les consommateurs des produits du tabac », rassure Dr Judith Segnon, point focal de la lutte antitabac au ministère de la santé.

En réponse à ce fléau grandissant, le préfet du département du Zou a pris un arrêté pour interdire la consommation de la chicha dans les lieux à usage collectif sur toute l’étendue. Ses collègues des onze autres départements lui ont emboîté les pas, contribuant ainsi à quadriller toute l’étendue du territoire national. De même, le gouvernement a adopté l’arrêté portant définition des avertissements sanitaires graphiques et écrits à imprimer sur les emballages de cigarette et autres produits du tabac en république du Bénin. Pour le représentant du préfet du Zou récompensé à travers un trophée, cette lutte implique toutes les parties prenantes et nécessite des efforts soutenus et continuels pour atteindre les résultats escomptés.

Ce que la loi prévoit

Au Bénin, la lutte anti-tabac est basée sur un arsenal juridique et répressif dissuasif. A en croire Blandine Sintondji-Yaya, présidente de la plateforme Halte tabagisme, la loi dispose en son article 31 que : « Quiconque, pris en flagrant délit de fumer dans les lieux à usage collectif visés à l’article 4 de la présente loi est passible d’une amende de dix mille(10.000) à cinquante mille (50.000) francs CFA. » Non seulement ça, « tout fabricant, importateur ou vendeur de confiseries, jouets ou autres objets ayant la forme d’emballages de produits de tabac attrayant pour les enfants et les jeunes mineurs est passible d’une amende de cinq cent mille (500.000) à dix millions (10.000.000) F CFA », révèle l’article 32.

L’article 33 stipule que : « Tout vendeur surpris en violation de l’interdiction de vendre du tabac, ses dérivés et assimilés sur les mêmes étalages que les confiseries, jouets ou autres objets attrayants pour enfants, est passible de cinquante mille (50.000) à cent mille (100.000) F CFA. » Ces mesures dissuasives ont aujourd’hui permis d’enrailler la consommation du tabac dans les lieux publics au Bénin. Sa commercialisation près des écoles et sa consommation dans les lieux privés restent néanmoins un casse-tête.

Notons que cette conférence-débat a eu lieu grâce au soutien technique et financier de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (African capacity building foundation – ACBF).

Michaël Tchokpodo

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