Le cancer suscite beaucoup d’intérêts chez différents corps de la société, en raison des vagues de victimes qu’il occasionne. Mais si le cancer des adultes préoccupe autant, qu’en est-il du cancer chez l’enfant ? Le risque de sous-information couplé de certains stéréotypes prévalent encore aujourd’hui au sein des populations et parfois même au sein des agents médicaux. C’est ce que faisait comprendre un oncologue spécialiste du cancer des enfants hier lundi 13 février 2023 sur l’émission « Tribune du genre » sur les antennes de la radio CAPP FM.
Pris de concert avec le Coordonnateur du Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN Bénin), Michaël Tchokpodo, en prélude à la journée de sensibilisation contre le cancer des enfants, le spécialiste du cancer de l’enfant Dr Gilles Bognon a tôt fait d’exposer les différentes raisons pour lesquelles le cancer des enfants est resté longtemps, sujet tabou. Et pourtant, à s’en tenir aux statistiques de l’Organisation mondiale de la santé, le cancer de l’enfant ratisse large dans le monde. Selon l’OMS, un cancer est diagnostiqué chaque année, chez 400.000 enfants et adolescents de 0 à 19 ans.
En effet, le constat fait état de ce que la question relative au cancer de l’enfant reste superflu au niveau des agents paramédicaux qui ne sont pas forcément avertis ou du moins formés sur les signes orientant vers le diagnostic du cancer de l’enfant. Il y a également la conception quasi obsessionnelle qu’ont les communautés généralement campées sur les « guérisseurs traditionnels » au moindre signe comme par exemple l’augmentation du volume d’un organe.
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Parlant justement de signe, Dr Gilles Bognon estime que le cancer chez l’enfant se manifeste de diverses manières et varie selon le type de cancer. « Il y a cinq cancers qui sont très fréquents chez l’enfant. 03 sont classés comme des cancers du sang et deux autres qu’on classe dans la catégorie des cancers solides. Ces cinq cancers sont les plus fréquents, mais il y a beaucoup d’autres cancers qui peuvent attaquer n’importe quel organe humain. Un enfant qui se brosse avec une brosse habituelle va saigner des gencives, en urinant, il peut avoir du sang dedans… Ces trois gros signes : la pâleur répétée, les anémies répétées, la fièvre, les infections et saignements répétés traduisent le fait que l’os est malade », précise-t-il. Par ailleurs, il conseille qu’en cas de présence d’une petite tache blanche dans l’œil de l’enfant, les parents aillent voir un ophtalmologue.
« La sensibilisation, une étape importante pour anticiper »
Pour Michaël Tchokpodo, Coordonnateur du REMAPSEN-Bénin, la sensibilisation est une étape cruciale pour anticiper les conséquences de la maladie. « En anticipant, dira-t-il, cela permet au spécialiste de ne pas être confronté à des cas graves. Les parents doivent être sensibilisés sur ces questions pour ne pas être obligés d’aller vers des guérisseurs traditionnels où leurs enfants peuvent perdre la vie. Pour cela, les journalistes doivent pouvoir se spécialiser. » La question de la spécialisation des hommes des médias renaît donc de plus belle. Car pour lui, se spécialiser serait un paravent pour les journalistes d’être mieux outillés en termes de formation et de transmission d’une information juste et crédible.
« C’est pour cela qu’au sein de REMAPSEN par exemple, nous organisons des webinaires où nous invitons des spécialistes pour venir nous entretenir. Nous faisons également des formations au sein des médias (radio, télé, presse écrite ou presse en ligne) pour pouvoir échanger avec nos collègues sur une thématique donnée », insiste-il.
Le spécialiste pense que la sensibilisation favorise le diagnostic précoce. Pour lui, c’est une arme redoutable pour rallier les patients et les acteurs de la santé à l’idéal commun. Ainsi, à travers des campagnes de sensibilisation effectuées depuis 2019, plus de 100 nouveaux cas ont été notifiés par la suite à Porto-Novo. Lesquelles sensibilisations et formations ont été faites à l’endroit des agents de santé du département de l’Ouémé, de l’Atlantique, du Littoral et du Borgou sur les signes qui orientent vers le diagnostic précoce du cancer chez l’enfant. En outre, 25 agents de santé ont été formés dans tous les départements du Sud, du Centre et deux départements du Nord.
Des cancers curables
La bonne nouvelle selon Dr Gilles Bignon, c’est qu’on peut guérir du cancer. Mais à la seule condition que le diagnostic soit précoce. « Nous souhaitons juste avoir les enfants plus tôt. Plus on les a de manière précoce, moins le protocole thérapeutique utilisé sera lourd et les dépenses seront moindres », a-t-il confié.
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Par les antennes de CAPP FM, Dr Bognon a adressé ses mots de reconnaissance et de gratitude à l’endroit de la Fondation Claudine Talon qui de par sa vision, son engagement dans la lutte contre le cancer des femmes et des enfants, mène des actions concrètes et objectives. La construction d’un nouveau bâtiment de prise en charge du cancer des enfants, la fourniture des médicaments, des équipements et beaucoup d’autres ressources qui interviennent dans une bonne prise en charge des enfants atteints du cancer, en disent long.
Comme activités prévues pour le compte de la journée du 15 février prochain, la sensibilisation des agents de santé dans le département des Collines est prévue. De plus, des sensibilisations en dans les langues locales seront divulguées sur les médias sociaux en vue de toucher le maximum de personnes.
Ignace Tossou