Au Bénin, les avancées en matière d’autonomisation des femmes et des filles

La question de l’autonomisation des femmes et des filles s’impose de plus en plus comme une priorité pour les gouvernants, dans un monde en constante mutation. Confrontées à diverses formes de violences et à des stigmatisations persistantes, de nombreuses femmes et filles peinent encore à assurer pleinement leur autonomisation. À l’instar de plusieurs pays, les autorités béninoises ont mis en place des mesures visant à favoriser ce processus de manière significative. C’est ce qu’a rappelé Anice Gambari Adam, Directrice de la Promotion de la Femme et du Genre, lors de l’atelier de restitution du Forum des Médias de Dakar sur l’autonomisation et la lutte contre les violences faites aux femmes, organisé par le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement au Bénin (REMAPSEN-Bénin). L’atelier s’est tenu le 12 avril 2025 à Cotonou.

Anice Gambari Adam, Directrice de la promotion de la femme et du genre au Ministère des affaires sociales et de la microfinance

« Le Bénin, pays à l’histoire riche et à la culture dynamique, s’illustre de plus en plus comme un exemple inspirant en matière d’autonomisation. » Cette phrase introductive de Anice Gambari Adam met en valeur l’engagement des médias, des partenaires techniques et financiers, ainsi que des institutions nationales dans la promotion de l’égalité et de l’autonomisation des femmes. En effet, ces dernières années, le Bénin a réalisé des progrès significatifs pour renforcer la participation active de ses citoyens, notamment les femmes et les jeunes, dans les domaines économiques, sociaux et politiques.

« Ces avancées reflètent un engagement profond envers la promotion de l’équité, de l’inclusion et du développement durable. À travers des initiatives audacieuses, des reformes stratégiques et des programmes innovants, le Bénin s’affirme comme une nation en mouvement, prête à relever les défis contemporains tout en bâtissant un avenir prometteur », a fait savoir la directrice. Dans sa présentation, elle a aidé les uns et les autres à mieux comprendre la notion d’autonomisation. A l’en croire, l’autonomisation est un processus qui vise à donner aux femmes et aux filles les moyens de prendre le contrôle de leur vie et de participer pleinement à la société. Il s’agit d’une question de droits et de libertés.

Un engagement ferme pour l’autonomisation des femmes et filles

Ces dernières années, le Bénin s’est donc illustré en faveur de cette cause à travers des lois, des programmes et des initiatives. Concernant les programmes et initiatives, il s’agit entre autres du Microcrédit Alafia, du programme de filets sociaux productifs « GBESSOKE »,  du Projet SWEDD, du compendium des compétences féminines, de la campagne Tolérance Zéro (CTZ contre le Mariage forcé ou précoce, le Harcèlement les Mutilations Génitales Féminines, etc.), de la formation en matière d’égalité des sexes et des droits de l’homme pour les élèves, les enseignants et autres professionnels de l’éducation.

Ces programmes et initiatives qui font partie d’une liste non exhaustive ont permis de financier plusieurs femmes et filles, de sensibiliser les hommes pour une masculinité positive, et de faire bénéficier à des femmes, des  pièces d’état civil (Certificat d’Identification Personnelle), sans oublier l’accès aux services sociaux de base (Assurance maladie, soins de santé, etc.). En outre, des lois spécifiques ont été adoptées pour réprimer et créer un   environnement juridique plus sûr pour les femmes. Au nombre de ces lois, il y a : 

  • la loi n°2021-13 du 20 décembre 2021, portant modification du code des personnes et de la famille, qui comporte des dispositions contre la discrimination ;
  • la loi n°2021-12 du 20 décembre 2021, modifiant et complétant la loi n°2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction ;
  • la loi n° 2021-11 du 20 décembre 2021 portant disposition spéciale de répression des infractions commises à raison du sexe des personnes et protection des femmes en République du Bénin ;
  • la loi n°2019-43 du 15 novembre 2019, qui impose à l’Assemblée nationale de réserver 24 sièges à des femmes ;
  • la loi n°2021-11 du 20 décembre 2021, qui étend les compétences de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme aux infractions liées au genre ;
  • la loi n°2020-23 du 29 septembre 2020, portant institution du code pénal et réprimant la violence fondée sur le genre et les violations des droits des femmes en matière de santé sexuelle et procréative ; et
  • la loi n°2017-15 de 2017, portant modification du code foncier rural et garantissant l’égalité d’accès à la propriété entre les hommes et les femmes.

Et les défis persistent !

Malgré les avancées enregistrées dans plusieurs domaines, de nombreux défis continuent de freiner le processus d’autonomisation des femmes et des filles. En matière d’éducation, de nombreuses filles, notamment dans les zones rurales et défavorisées, restent exclues d’un accès équitable à une éducation de qualité, ce qui limite fortement leurs perspectives d’avenir. La violence basée sur le genre, qu’elle soit domestique ou sexuelle, demeure également un obstacle majeur : la peur de subir des violences restreint leur liberté et leur participation active à la société. À cela, s’ajoutent les normes culturelles et sociales profondément ancrées, qui perpétuent les stéréotypes de genre et limitent les choix et aspirations des femmes.

Sur le plan économique, les femmes rencontrent souvent des difficultés d’accès aux ressources telles que l’éducation, le financement, le crédit ou encore les opportunités d’emploi, accentuant ainsi les inégalités. L’accès aux soins de santé, en particulier ceux liés à la santé reproductive, reste aussi insuffisant, compromettant leur bien-être global et leur capacité à mener des activités économiques. Par ailleurs, leur sous-représentation dans les instances politiques et décisionnelles limite considérablement leur pouvoir d’influence sur les politiques publiques. Enfin, l’accès inégal à la technologie et à Internet freine leur inclusion dans le numérique, pourtant crucial pour leur épanouissement professionnel et personnel. Face à ces obstacles multidimensionnels, il est urgent de renforcer les politiques publiques et les initiatives ciblées pour créer un environnement plus équitable et inclusif.

Au cours de la restitution, acteurs institutionnels, partenaires et journalistes ont donc réaffirmé leur engagement pour l’autonomisation, et l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles au Bénin. Les différentes interventions au cours de l’atelier de restitution ont montré cette volonté des hommes des médias, des acteurs institutionnels et des partenaires à réduire, voire éradiquer ce fléau qui fait ravage dans la société. Pour rappel, le forum initial tenu à Dakar du 4 au 6 décembre 2024, avait réuni plus de 70 journalistes issus d’une vingtaine de pays africains autour du thème : « Élimination des violences faites aux femmes et aux filles en Afrique : respect des droits humains et autonomisation ».

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