« Notre objectif est clair : aucun enfant ne doit naître ni grandir avec le VIH au Bénin. Je répète : aucun enfant ne doit naître ni grandir avec le VIH au Bénin. Ensemble, faisons de cette campagne, une réussite. Ensemble, faisons reculer le VIH pédiatrique. Ensemble, construisons un avenir où chaque enfant béninois vivra en bonne santé, libéré du VIH. » C’est sur cette note d’espoir que Benjamin Hounkpatin, ministre de la santé du Bénin a officiellement lancé la campagne nationale d’accélération de la prise en charge pédiatrique du VIH autour du thème : « Finir avec les nouvelles infections au VIH chez les enfants au Bénin ». Après plusieurs mois de préparation et de réflexion, le coup d’envoi est donné pour le déploiement de la campagne dans les régions, sur une durée de 12 mois.
Dans son intervention, Paterne Akossinou, Vice-Président de l’Association Béninoise des Jeunes pour l’Epanouissement des Plus Vulnérables (ABeJEV-PLUS) a livré un message fort. « Aujourd’hui, nous sommes réunis parce qu’il y a urgence. Urgence de protéger les enfants. Urgence de briser la chaîne de nouvelles infections. Urgence de garantir à chaque nouveau-né un droit fondamental, celui de commencer la vie en bonne santé », a-t-il déclaré rappelant que malgré les progrès accomplis dans la prise en charge des femmes enceintes séropositives, les enfants restent encore les « laissés-pour-compte » de la riposte.
« C’est pour cela que cette campagne est la bienvenue. Elle est un cri d’alerte, mais aussi un appel à l’action. Elle vient nous rappeler que chaque dépistage compte, que chaque traitement commencé est une victoire, que chaque enfant sauvé est une promesse tenue envers la génération future », a affirmé Paterne Akossinou. Grâce à l’appui constant de l’ONUSIDA, l’association a pu installer douze clubs sur l’ensemble du territoire national. À travers ces clubs déjà installés dans le pays, l’ABeJEV-PLUS entend poursuivre ses actions de sensibilisation et de soutien. « Nous ne sommes pas un problème, nous faisons partie de la solution », a insisté le jeune représentant, soulignant la volonté de la jeunesse d’être actrice de ce combat.

Au nom du système des Nations Unies, la coordonnatrice résidente Aminatou Sarr a salué la vision des autorités béninoises et souligné le rôle essentiel de cette campagne. Selon elle, « la stigmatisation et la discrimination, notamment à l’égard des femmes enceintes vivant avec le VIH, constituent encore des freins à la continuité des soins ». « Cette campagne est donc bien plus qu’une opération technique. Elle représente un cri collectif d’engagement et de responsabilité pour que plus aucun enfant ne naisse avec le VIH et que tous ceux qui en sont atteints aient accès aux soins et aux traitements dont ils ont besoin », a-t-elle affirmé.
Elle a rappelé l’engagement collectif des agences onusiennes, de l’ONUSIDA à l’UNICEF en passant par l’OMS, l’UNESCO ou encore l’ONU Femmes, sans oublier l’appui précieux du Grand-Duché de Luxembourg, pour appuyer techniquement et financièrement le déploiement de cette initiative. « C’est ensemble, dans l’esprit du One UN, que nous pourrons créer l’impact nécessaire pour changer durablement la trajectoire de l’épidémie au Bénin », a-t-elle affirmé. Elle ajoute : « Le véritable défi commence demain, avec le déploiement de la campagne dans les régions, sur une durée de 12 mois. Nous devons unir nos ressources, nos expertises et nos voix pour assurer un financement durable de cette initiative et pour ne laisser aucun enfant, aucune mère, aucune communauté de côté. Je voudrais enfin saluer l’implication des femmes leaders politiques, religieuses et communautaires, qui jouent un rôle clé dans la sensibilisation, la prévention et la réduction de la stigmatisation ».
Un engagement gouvernemental renouvelé
Benjamin Hounkpatin, ministre de la Santé a, pour sa part, rappelé avec fierté les efforts soutenus du gouvernement dans la lutte contre la pandémie. « Sous l’impulsion du chef de l’État, le président Patrice Talon, notre pays a considérablement accru son financement domestique pour la riposte au VIH, au paludisme et à la tuberculose. Cet engagement budgétaire renforcé est une preuve tangible que la santé des Béninois et des Béninoises reste une priorité nationale », a-t-il affirmé. Il a spécifiquement mis en avant les avancées enregistrées au cours des dernières années dans la lutte contre le VIH.
« Grâce à ces efforts et à l’action déterminée du PSLS, nous avons enregistré des avancées majeures. Plus de 95% des femmes enceintes vivant avec le VIH reçues en consultation prénatale bénéficient d’un traitement antirétroviral. La transmission mère-enfant du VIH a été considérablement réduite, passant de 7,72% à 3,3% en 10 ans. Et l’accès au traitement pour les populations adultes s’est fortement amélioré, passant de 44% à 91% en 10 ans. Ces acquis sont le fruit d’une volonté politique affirmée, mais aussi de l’engagement quotidien de nos professionnels de santé, des organisations communautaires et de nos partenaires », a déclaré le ministre.

Cependant, il a rappelé que seulement 48 % des enfants séropositifs au Bénin en 2024 ont accès à un traitement. Un pourcentage qu’il qualifie de « trop peu » quand on regarde ce qui est fait pour les adultes. En outre, le dépistage reste insuffisant, avec 63% des enfants qui connaissent leur statut sérologique et la rétention dans les soins est fragile.
Face à ces chiffres inquiétants, « cette campagne se veut une mobilisation nationale. Elle met en avant le rôle déterminant des femmes leaders à tous les niveaux, dont l’influence et l’action mobilisatrices sont une source d’inspiration pour notre pays tout entier », dixit le ministre. Il a réaffirmé l’engagement de l’Etat béninois à employer le vert et le sec pour mettre fin au Sida à l’horizon 2030, soulignant la nécessité de lever les barrières socioculturelles et de renforcer la mobilisation communautaire.
Il faut noter que l’activité a été meublée par la présentation des données PTME (Prévention de la transmission mère-enfant du VIH), pédiatriques et des goulots. Par ailleurs, des affiches et des spots sont réalisés dans plusieurs langues nationales du Bénin afin de diffuser les messages essentiels de la campagne, gage de l’atteinte d’un large public cible. Désormais lancée, la campagne nationale d’accélération de la prise en charge pédiatrique du VIH marque un tournant dans la lutte contre le VIH pédiatrique au Bénin. Elle mise sur la sensibilisation des femmes leaders, l’implication des hommes dans le dépistage et le soutien aux familles, mais aussi sur la solidarité de l’ensemble des acteurs.