« Et si l’allaitement m’était conté » C’est autour de ce thème que s’est déroulé le webinaire organisé par le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN), à l’occasion de la semaine mondiale de l’allaitement. Lors de cette rencontre virtuelle, Siméon Nanama, conseiller régional en nutrition pour l’UNICEF en Afrique de l’Ouest et du Centre, a qualifié le lait maternel « d’élixir de vie ». Outre ses bienfaits nutritifs et immunitaires, il renforce le lien mère-enfant et réduit les risques de maladies, aussi bien pour le bébé que pour la mère.
Cependant, il déplore que cette ressource inestimable repose encore quasi exclusivement sur l’effort individuel des mères, sans véritable soutien structurel. Certaines pratiques traditionnelles, comme le rejet du colostrum ou l’introduction précoce d’eau et de tisanes, freinent également l’allaitement optimal. « Cette richesse biologique reste sous-exploitée, car elle dépend presque exclusivement de l’effort individuel des mères, sans structures de soutien solides », a-t-il affirmé.
Le médecin de santé publique Soliou Badarou appelle pour sa part à considérer l’allaitement comme une responsabilité collective. Il plaide pour une communication adaptée aux réalités culturelles et pour l’utilisation du conte africain comme outil de sensibilisation, capable de toucher « la tête et le cœur ».
Un acte de santé publique et un investissement rentable
L’allaitement exclusif pendant six mois, comme recommandé par l’OMS, reste marginal en Afrique. Ce manque entraîne un coût important : hausse des maladies infantiles, dépenses médicales accrues, perte de potentiel cognitif et aggravation de la malnutrition. À l’inverse, chaque dollar investi dans le soutien à l’allaitement génère 35 dollars de retombées économiques selon l’OMS.
Or, de nombreux obstacles persistent : reprise précoce du travail, congés maternité insuffisants, charge mentale, influence des industriels du lait artificiel, ou encore absence d’espaces d’allaitement sur les lieux de travail. L’Organisation mondiale de la santé et l’UNICEF exhortent donc les gouvernements à investir davantage dans leurs systèmes de santé afin d’accompagner les mères allaitantes.