Au moins 50 % de la population de chaque pays bénéficieront d’ici 2028, des services essentiels de santé bucco-dentaire. C’est l’objectif phare que vise le cadre régional pour la santé bucco-dentaire, approuvé à la soixante-quinzième session du Comité régional de l’OMS pour l’Afrique à Lusaka (Zambie). Il fixe également comme objectif une réduction de 10 % de la prévalence des principales affections et l’adoption par 60 % des pays de politiques nationales dotées de budgets spécifiques et de personnel qualifié. Le noma, maladie dévastatrice encore endémique dans plusieurs États, devra être intégré dans les stratégies nationales de santé dans au moins la moitié des pays concernés.
« Les maladies bucco-dentaires ont été largement négligées, ce qui en fait l’un des problèmes de santé les plus répandus en Afrique », a déclaré Dr Mohamed Yakub Janabi, Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique. Il a insisté sur la nécessité pour les pays de mobiliser des financements, de former davantage de personnels et de renforcer le leadership politique afin d’assurer une approche intégrée et centrée sur le patient.
Des mesures prioritaires à prendre
Le cadre adopté par les ministres recommande cinq actions principales : « renforcer le leadership et le financement par le biais de partenariats, élaborer des politiques nationales de santé bucco-dentaire et intégrer la santé bucco-dentaire dans les ensembles de services de santé essentiels. Il appelle également les gouvernements à combler les lacunes en matière de personnel de santé par des approches telles que le partage des tâches, l’élargissement de l’accès aux médicaments essentiels et le renforcement de la surveillance des maladies. »
D’un autre côté, les défis restent non négligeables. Plus de 70 % des pays africains consacrent moins d’un dollar par habitant à la santé bucco-dentaire, contre une moyenne mondiale de 50 dollars. La région compte en outre seulement 3,7 professionnels pour 100 000 habitants, loin du seuil recommandé de 13,3. Certains pays affichent néanmoins des avancées. Maurice a supprimé la taxe sur le dentifrice fluoré pour favoriser la prévention des caries. Plus de 14 000 agents de santé ont déjà suivi les formations dispensées par l’OMS, tandis que 14 pays militent pour que le noma soit reconnu comme maladie tropicale négligée.
Pour le ministre sénégalais de la Santé, Ibrahima Sy, ce cadre constitue « un élément supplémentaire précieux » dans la lutte contre les maladies bucco-dentaires. Le Sénégal, qui reconnaît le noma comme un problème de santé publique majeur, s’engage à poursuivre son action dans une approche multisectorielle, avec l’appui de l’OMS. Il faut noter que la mise en œuvre de ce cadre repose sur un engagement politique renforcé, un encadrement technique, ainsi que la mobilisation de ressources nationales et internationales. L’OMS, de son côté, s’engage à accompagner les pays par des actions de plaidoyer, des formations et une assistance technique ciblée.