Accueil Déchets Pollution Vossa, la « poubelle » qui ne désemplie pas

Vossa, la « poubelle » qui ne désemplie pas

A Vossa, quartier du 9ème arrondissement de la ville de Cotonou, les habitants déversent les ordures ménagères dans leur environnement immédiat, au détriment des structures de pré-collecte.

Sachets plastiques, emballages de gâteaux, bouteilles usées, débris de toutes sortes et animaux domestiques cohabitent sur un marais situé à quelques mètres d’un ouvrage érigé par le PUGEMU (Projet d’urgence de gestion environnementale en milieu urbain) à Vossa au Bénin. Juste en face de ces immondices, se trouve un lot de boutiques et quelques habitations avoisinantes.

Sylvain Sinahoun, habitant de la localité, commercialise des produits de première nécessité dans l’une de ces boutiques. « Vossa est trop sale. Nous n’avons pas où jeter les ordures (…). Il n’y a aucune structure de collecte d’ordures dans notre localité » s’indigne Sylvain.

Il affirme jeter au même titre que les populations environnantes, des ordures solides ménagères qui jonchent le bas-fond qui enceint Vossa. Le marécage, parsemé d’herbes sauvages borde la boutique qu’il a loué. « Il faut qu’on nous porte de l’aide. Les autorités locales viennent prendre de l’argent pour (la collecte des ordures ménagères) mais ils ne font rien », poursuit d’un ton accusateur Sylvain.

« Incivisme des populations »

A quelques encablures du lieu de vente de Sylvain, François Yaovi, un habitant de la localité justifie son action sur l’environnement : « ce n’est pas pour moi (parlant du collecteur construit à Vossa). Je peux salir ça comme je veux (…) » Sur tout le long de la voie pavée qui borde sa boutique, aucun dépotoir public n’est installé. Les maisons environnantes sillonnées ne sont pas abonnées aux structures de pré-collecte d’ordures ménagères. La principale raison évoquée est essentiellement liée au manque de moyens financiers.

Robert Gbèffè, Chef du 9ème arrondissement de Cotonou en fin de mandat, rejette le tort sur les habitants de Vossa : « c’est l’incivisme, l’indiscipline caractérisée qui anime les populations. » Celles-ci, par la voix de M. Sinahoun estiment que « c’est seulement au moment des élections que les élus locaux viennent leur faire des promesses. Après ça, il n’y a plus rien. »

L’électorat préoccupe beaucoup plus les responsables locaux que leur mission. « Les élus ont peur de sanctionner les populations parce qu’ils veulent toujours garder leur siège », rétorque en toute franchise le CA sortant.

Mesures préventives

Le Projet d’urgence de gestion environnementale en milieu urbain envisage de faire passer de 30 à 60% le taux d’abonnement des populations avant la fin du projet le 31 décembre 2016. Pour y arriver, « nous faisons des sensibilisations pour amener les populations à s’abonner. Normalement, les maisons doivent s’abonner pour que les Ongs passent pour ramasser les ordures », précise Eric Dovonou, spécialiste en Génie civil à la cellule de supervision et de suivi du PUGEMU.

Mais à Vossa, le constat est tout autre. Les abords des voies publiques et les alentours des maisons constituent les dépotoirs publics les plus utilisés et moins coûteux. La ville contribue pour beaucoup au sept cent (700) tonnes de déchets que produit Cotonou par jour. « La gestion des déchets solides ménagers commence par la pré-collecte. Il y a eu une répartition des zones de Cotonou qui ont été confiées à des Ongs de collecte d’ordures. Nous rencontrons des problèmes parce que les populations ne veulent pas voir des centres de regroupement. Or, c’est des points de regroupement améliorés qui répondent aux normes », renchérit Eric Dovonou.

La mairie, incapable de sanctionner

Impuissants face à l’ampleur de l’insalubrité à Vossa, élus locaux et responsables du PUGEMU s’en remettent à « la police municipale et la police environnementale » pour réprimer les populations.

Déo Gratias Sèbo est ingénieur en environnement à la Direction des services techniques de la mairie de Cotonou. Elle clarifie les limites des actions de la police communale : « les agents de la police municipale ne sont pas autorisés à enfermer les populations, ni les réprimer ou quoique ce soit d’autre. »

Cette explication de dame Sèbo donne l’impression d’un aveu de la mairie. Mieux, « la loi cadre sur l’environnement ne prévoit pas de sanctions spécifiques » pour sanctionner la pollution de la nature. Cependant, le code d’hygiène prévoit une amende de deux mille (2.000) francs Cfa à vingt cinq mille (25.000) francs Cfa à payer par les mis en cause.

Toute peinée, l’ingénieur en environnement reconnaît que les « coupables » appréhendés ne sont souvent pas en mesure de payer les amendes. Ils sont simplement relaxés et la pratique perdure.

Source: Atelier des médias/rfi

Michaël Tchokpodo

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