Accueil A la une Youssouf Bamba : « Nous voulons que les journalistes soient davantage engagés dans la promotion de la santé et de l’environnement »

Youssouf Bamba : « Nous voulons que les journalistes soient davantage engagés dans la promotion de la santé et de l’environnement »

Au terme d’une trentaine d’années de carrière à la radiotélévision ivoirienne en tant que journaliste santé et environnement, Youssouf Bamba a fondé en juin 2020, le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN). Un regroupement de médias africains qui s’est enraciné dans une trentaine de pays d’Afrique et continue de s’étendre. Après avoir réussi le pari de l’organisation du premier forum régional des médias sur la santé infantile, la vaccination et la nutrition à Lomé en novembre 2023, et avec le soutien d’Unicef, le président du comité exécutif du REMAPSEN revient dans cette interview sur cette activité, le fonctionnement du réseau et les perspectives.

Miodjou : Votre réseau a réussi en novembre 2023, l’organisation du premier forum régional des médias sur la santé infantile, la vaccination et la nutrition. Quelles sont vos impressions et quel bilan faites-vous de l’année 2023 ?

Youssouf Bamba : Ce forum des médias sur la santé infantile, la vaccination et la nutrition s’est bien déroulé. Tout ce qui a été prévu, a été fait : les communications, les cérémonies d’ouverture et de clôture, sans oublier la cérémonie de remise de prix aux différents lauréats des Awards du REMAPSEN. Nous les avons organisés cette année dans les différentes disciplines, notamment la santé et l’environnement ; et au niveau des coordinations nationales. Nous attendions une soixantaine de journalistes dont 45 venus d’ailleurs et une quinzaine du pays organisateur. Tout cela a effectivement eu lieu.

L’objectif de ce forum était de pouvoir renforcer les capacités des différents participants que sont les journalistes venus des pays membres du REMAPSEN. Cela a été fait mais on ne finit pas de renforcer les capacités car il y a toujours de nouvelles choses à apprendre. Les journalistes ont eu des informations pouvant leur permettre de développer ces thématiques au cours de leurs différentes productions.

Le REMAPSEN est l’un des rares regroupements à impact de journalistes sur le continent. Quel est votre secret ? Et quelle est la nécessité pour les journalistes non seulement de se spécialiser mais de se retrouver dans des creusets forts ?

Nous avons juste pris un engagement, celui de faire en sorte que les médias puissent davantage s’impliquer dans la promotion et la communication en matière de santé et d’environnement. Aujourd’hui, ce type de communication n’est pas toujours confié aux professionnels que nous sommes. Nous nous battons donc pour prendre notre place dans l’arène des acteurs nationaux et internationaux dans la lutte contre les pandémies, mais aussi dans la promotion de la santé. C’est un appel que nous lançons : il faut être organisé et les partenaires ont aussi besoin de nous. Si nous ne sommes pas organisés, ça sera difficile. Individuellement pris, nous n’aurons pas d’impact. C’est pour cela que nous avons voulu fédérer dans chaque pays, les médias pour qu’ils puissent être des acteurs qui s’impliquent dans la promotion de la santé et de l’environnement au niveau de leurs différents pays.

Beaucoup de journalistes ne s’intéressent pas aux questions de santé parce qu’ils pensent que cela ne fait pas vivre.

Notre secret, c’est le travail et l’engagement. Nous travaillons aussi parce que nous sommes tous concernés. La spécialisation des journalistes est un élément fondamental. J’encourage la spécialisation parce qu’à vouloir tout faire à la fois, on ne fait rien du tout et encore moins efficacement. Beaucoup de journalistes ne s’intéressent pas aux questions de santé parce qu’ils pensent que cela ne fait pas vivre. Au contraire, c’est même la santé qui fait vivre. Pour faire vivre un journal, si vous n’avez pas un personnel en bonne santé, tout votre argent gagné dans d’autres activités, sera investi dans la maladie. Nous voulons que les journalistes soient des hommes et des femmes engagés dans la promotion de la santé et de l’environnement.

On a vu l’Unicef à vos côtés à Lomé. Quels sont les rapports que vous entretenez avec les autres Organisations internationales opérant dans le domaine de la santé et de l’environnement ?

Effectivement, l’Unicef a accepté cet accord après plus de huit mois de négociation. Nous avons les idées mais nous n’avons pas les moyens. Non seulement les moyens en termes d’argent mais nous n’avons pas les moyens techniques. Un journaliste ne crée pas une information, il relaie une information. Mais est-ce que la source est crédible ? Pour éviter de tomber dans les rumeurs, nous nous adressons aux institutions, qu’elles soient nationales ou internationales, qui sont crédibles en la matière. Et quand on parle de la situation des enfants, vous ne pouvez pas trouver une organisation qui soit plus crédible que l’Unicef. C’est à cette organisation que l’ONU a confié le mandat de la prise en charge holistique des enfants au niveau de tous les pays.

Comment arrivez-vous à assurer la coordination des REMAPSEN pays parmi la trentaine qui existe en Afrique ?

C’est une question d’organisation. Nous avons une trentaine de pays membres du réseau. Nous avons commencé en Afrique de l’ouest. Ensuite, il y a eu l’Afrique centrale et maintenant, nous avons plusieurs autres régions qui sont en train de s’ajouter. Et dans ces régions, il y a l’Afrique du nord avec l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Tous ces pays seront avec nous à l’occasion du prochain forum des médias. Dans chacun de ces pays, nous avons mis en place une coordination nationale. Et dans ces coordinations, il y a plusieurs membres dont un coordonnateur et son adjoint. Nous avons aussi les responsables chargés de la santé et de l’environnement, un secrétaire général, un responsable chargé des relations avec les médias car nous voulons davantage mobiliser tous les médias de tous les pays autour de la question. Nous nous appuyons sur les coordinations nationales pour mener nos activités. Je suis en Côte d’Ivoire et je ne peux être dans l’ensemble des pays membres à la fois.

Nous avons la chance de compter sur des hommes et des femmes des médias qui ont décidé de s’engager sans rien attendre. Chacun le fait de manière bénévole. Certains moments viendront, pas qu’on paiera les gens comme des fonctionnaires, mais tout au moins les travaux pour lesquels ils s’engagent. Nous verrons si des partenaires pourront nous appuyer dans ce sens. Nous ne pouvons faire que des projets médiatiques. S’ils sont faits et qu’il y a des partenaires qui acceptent de les subventionner, nous pouvons essayer d’apporter de l’aide à l’engagement des journalistes.

Quels sont vos projets et perspectives pour l’année 2024 et au-delà ?

Nous nous préparons déjà pour le forum des médias qui aura lieu à Kinshasa en juillet 2024 et nous sommes en train de rechercher des partenaires. Nous n’avons pas encore de partenaires assez précis mais nous avons déjà introduit la demande auprès du partenaire privilégié qui devrait nous accompagner. Il s’agit de l’UNFPA qui s’occupe des questions de santé, de la reproduction et de la planification familiale. C’est sur ça que nous allons travailler.

Nous aurons en 2025, un forum sur l’autonomisation des femmes et la lutte contre la pauvreté.

Avec l’expérience que nous avons avec certains partenaires, d’autres institutions sont en train de nous aider. N’oubliez pas aussi qu’il n’y a pas que les institutions des Nations unies, nous travaillons aussi avec certaines ONG internationales comme Speak Up Africa. Nous avons signé un accord de partenariat avec l’Institut de la francophonie pour le développement durable (IFDD) qui est une section de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

En octobre 2024, nous avons prévu faire un forum des médias sur l’environnement et la biodiversité à Yaoundé. Si tout se passe bien, nous aurons en 2025, un forum sur l’autonomisation des femmes et la lutte contre la pauvreté. Les femmes sont souvent victimes de beaucoup de problèmes en matière de santé, notamment liés à leur anatomie mais aussi à la pauvreté. Le programme des Nations unies pour le développement est un partenaire que nous avons déjà ciblé.

Propos recueillis par : Michaël Tchokpodo

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